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Paris-province: "laissons partir ceux qui ne veulent plus vivre en Île-de-France" estime Olivier Razemon

RCF,  - Modifié le 2 mars 2021
L'Invité de la MatinaleParis-province: "laissons partir ceux qui ne veulent plus vivre en Île-de-France" estime Olivier Razemon
On aime les moquer, râler après eux. On ne comprend pas toujours très bien pourquoi ils ont fait ce drôle de choix. Les parisiens déchaînent les passions, mais qui sont-ils exactement ?
Maxime MassoleMaxime Massole

Parisiens, franciliens, banlieusards. Les dénominatifs utilisés pour nommer les habitants de l'Île de France sont légion, et ils ne sont pas toujours très flatteurs. Aujourd'hui encore, les parisiens, et leurs voisins, les habitants de la petite couronne, continuent de déchaîner les passions. Une nébuleuse souvent méconnue dans laquelle s'est plongé Olivier Razemon, auteur de "Les parisiens, une obsession française" (éd. Rue de l'échiquier).
 

"Trop de monde en région parisienne"

"Il y a trop de monde en région parisienne". Après avoir étudié et observé la vie et les activités en Île-de-France, le constat d'Olivier Razemon est implacable. La crise sanitaire, l’exode de nombreux franciliens vers la province, et la généralisation du télétravail, sont apparues comme des solutions pour désengorger cette région. Mais pour l'auteur de "Les Parisiens, une obsession française", cela ne va pas tout régler.  "Ceux qui peuvent télétravailler sont partis, mais les travailleurs essentiels restent. Il y a un risque de grave déséquilibre. Il faut profiter de la crise actuelle pour réorganiser le territoire" explique-t-il.

Olivier Razemon ajoute qu’il existe beaucoup d’images qui sont véhiculées "dans cette histoire Paris-province". "On imagine les parisiens quitter Paris pour aller soit dans une grande métropole, ou dans un village. Il y en a pour tous les goûts. Beaucoup de citadins, on est un pays de citadins, ont développé l’envie et le besoin de proximité. C’est une bonne chose pour lutter contre l’étalement urbain. Quand les parisiens s’installent dans une ville moyenne, ils ne vont pas forcément aller en périphérie, pas non plus dans l’hyper centre, mais dans la ville elle-même" lance-t-il.
 

Un fossé entre les campagnes et les grandes villes

La crise des Gilets jaunes a marqué le fossé entre les campagnes et les grandes villes. Un fossé qui se ressent du point de vue de la mobilité, notamment avec l’usage de la voiture. "On a surjoué cette affaire. Certaines personnes se sont dits que les Parisiens voulaient leur enlever l’usage de leur voiture. D’autres ont réaffirmé qu’ils utiliseraient leur voiture, même pour des trajets de 500 mètres dans une petite ville où tout pourrait se faire à pied. Inversement, la vision parisienne voudrait que la voiture n’est plus nécessaire, qu’elle occupe beaucoup d’espace" estime…

Dans cette opposition "Paris-province", le mot province a progressivement été retiré des usages courants, jugé trop péjoratif. On utilise désormais les mots "en région", ou "dans les territoires". "Cela n’a aucun sens. On pourrait tout à fait dire en France, car en France, en-dehors de l’Île-de-France, tout le monde comprend. Pourquoi a-t-on besoin de caractériser tant que cela ?" s’interroge Olivier Razemon.
 

"Paris ne représente que 17% de l'Île-de-France"

Quand on parle de Paris, on entend évidemment la capitale en tant que telle, mais également la banlieue, source de clichés et d’idées reçues. "Cette banlieue est énorme. On compte douze millions d’habitants en Île-de-France, dont 10 millions en banlieue. Il y a des strates très différentes. Cette région, qui était rurale jusqu’à il y a une centaine d’années, est devenue urbaine, par la présence de Paris. Elle a une vie en soi. On oublie généralement que Paris ne représente que 17% de l’Île-de-France. Quand on habite Montrouge ou Saint Ouen, on est parisien" lance Olivier Razemon.

La situation sanitaire actuelle pose la question de nombreux changements, notamment dans les villes. Pour Olivier Razemon, "nous avons besoin des villes, mais nous n’avons pas forcément besoin de l’hypertrophie des villes. Il faut vraiment profiter de cette situation pour se poser la question de la répartition. Il y a des gens qui ne veulent plus vivre en Île-de-France. Laissons-les partir, organisons cela. On verra que les gens seront beaucoup plus heureux que dans le RER B ou la ligne 13" conclut-il.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'Invité de la Matinale
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