Dans les stations de ski, les logements proposés à la location saisonnière sont souvent le fruit de constructions du milieu du XXe siècle. Des biens aujourd’hui rattrapés par les réglementations énergétiques.
Le dernier rapport Hello Watt sur le sujet met en lumière la part importante que représentent les passoires thermiques dans le parc immobilier d’une station. “Il y a plusieurs facteurs” explique Sylvain le Falher, cofondateur de la plateforme d’étude. “Quand il y a des conditions plus rudes climatiquement, il y a besoin de plus d’énergie. Et puis il y a un autre aspect qui est effectivement lié à l'âge du bâti : quand il a été construit, la priorité n’était pas forcément l’isolation ou les économies d’énergies”.
En se basant sur les DPE réalisés depuis 2021 dans les stations de France, la plateforme Hello Watt dresse un constat clair : les domaines savoyards et haut savoyards trustent 8 des 10 premières places de ce podium. À Valfréjus, les passoires thermiques représenteraient 70 % du patrimoine immobilier local.
Les résultats de cette étude ne sont pas sans surprendre Yann Chaboissier, le président de l’office du tourisme de Valfréjus, d’autant que sa station fait partie des dernières à être sorties de terre dans l’Hexagone.
Mais il le concède, à l’heure où l’écologie pèse aussi dans la balance au moment d’organiser des vacances, la rénovation du bâti est un chantier primordial. “Aujourd’hui, on voit bien qu’il y a une culture qui est en train de changer en montagne” explique-t-il. “Il y a des choses qui se font : il y a des copropriétés qui ont pris ça à bras-le-corps et travaillent sur des programmes de rénovation de fenêtres par exemple, d’isolation par des volets roulants, ce qui change un peu la donne en matière d’isolation thermique”. Les lignes bougent, mais parfois avec lenteur, avouent les acteurs locaux : les biens proposés à la location étant principalement en copropriété, les discussions sont parfois longues avant d’acter le début des travaux.
Alors, tandis qu’en 2028, les passoires thermiques seront interdites à la location et que l’intégralité du parc sera loin d’être rénové, la réforme du DPE, souhaitée par Domaines Skiables de France, serait une issue de secours. Dès juillet 2024, les petites surfaces pourraient profiter d’un traitement de faveur, avec des critères moins stricts. “Quand on est sur un petit logement et que le chauffe-eau fait 120 litres, il fait 120 litres ! Que l’appartement fasse 20 m2 ou qu’il fasse 70 m2 !” avance Alexandre Maulin, le président de DSF. “Les petites surfaces, qui sont souvent celles que l’on met en location étaient très impactées par un calcul un peu arbitraire”.
Ainsi 14 000 biens classés F et G pourraient ainsi sortir grâce à ces ajustements du statut de passoires thermiques, dont un bon nombre en station. Véritable soulagement pour les uns, nouveau coup de pression des acteurs du tout ski pour d’autres.
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