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Patrick Desbois, un prêtre français sur les traces des crimes de guerre russes en Ukraine

RCF, le 2 mai 2022 - Modifié le 18 mars 2024
L'actu chrétiennePatrick Desbois, un prêtre français sur les traces des crimes de guerre russes en Ukraine

Alors que l’offensive russe en Ukraine entre dans son troisième mois, un prêtre français mène l’enquête sur le terrain pour recueillir le témoignage des survivants. Le Père Patrick Desbois a entamé un travail méthodique sur les traces des crimes de guerre en Ukraine. Coordinateur scientifique du mémorial juif de Babi Yar à Kiev, il est connu pour avoir travaillé sur la Shoah par balles, soit l'assassinat d'un million et demi de juifs en Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale. Il répond à Thomas Cauchebrais (RCF Anjou).

Bâtiment détruit lors d'une attaque russe. Région de Kharkiv, Ukraine, 03/2023 ©UnsplashBâtiment détruit lors d'une attaque russe. Région de Kharkiv, Ukraine, 03/2023 ©Unsplash

Patrick Desbois, l'engagement d'un prêtre catholique

 

Au début du mois de mars, on a finalement appris que le mémorial juif de Babi Yar à Kiev n’avait pas été détruit par les frappes russes. C’est là que sont enterrés les corps de près de 34.000 juifs massacrés par les nazis en septembre 1941. Coordinateur scientifique du mémorial, le prêtre catholique Patrick Desbois a décidé de collecter les témoignages des survivants de cette guerre en Ukraine. Il a entamé un travail méthodique sur les traces des crimes de guerre en Ukraine.

 

Patrick Desbois est connu internationalement pour avoir travaillé sur la Shoah par balles, l'assassinat d'un million et demi de juifs en Ukraine pendant la Deuxième Guerre mondiale. Un travail colossal reconnu internationalement, qui avait permis de recueillir méthodiquement les témoignages de quelque 700 témoins. En 2015, il avait œuvré pour collecter des preuves du génocide des Yézidis par Daech en Irak.

 

Cette fois, Patrick Desbois recueille le témoignage des survivants de la guerre en Ukraine. Avec des médiateurs sur place et son équipe du mémorial de Babi Yar à Kiev, il rassemble méthodiquement les témoignages qu’il obtient. "Avec un traducteur, via Zoom, les gens acceptent de parler à visage découvert, de donner leur date de naissance, leur vraie identité, nous avons leur numéro de téléphone, leur adresse e-mail, donc c’est vraiment des gens qui veulent témoigner pour que les tireurs et les tueurs russes soient jugés."

 

Des témoignages insoutenables

 

"Il y a de nombreux Boutcha malheureusement en Ukraine aujourd’hui, nous dit le Père Desbois, Boutcha été très mis en valeur parce que les médias ont pu révéler qu’il y avait tous ces corps dehors. Mais les mêmes scènes de crime se répètent un peu partout." Les témoignages que Patrick Desbois et son équipe a recueillis font froid dans le dos. Ceux qu’il rapporte au micro de RCF peut heurter la sensibilité de certaines personnes.

 

Ainsi, une famille ukrainienne, un couple et ses trois enfants, qui a tenté de fuir les bombardements russes. "Sans aucune raison militaire des Russes ont tiré sur eux." La mère a déclaré avoir "tout de suite senti qu’une balle traversait le corps de son enfant de trois ans"... Quand elle a vu que son adolescent de 15 ans était mort lui aussi, "elle est sortie de la voiture comme elle a pu avec un seul garçon, son mari était trop blessé pour sortir…"

 

Des familles décimées, des femmes violées. Un homme a raconté avoir recueilli une jeune fille de 15 ans qui était "devenue la proie de jeunes militaires russes". "Dans ce cas-là, qui est précis, explique Patrick Desbois, il s’agissait de jeunes militaires russes qui n’étaient pas encore allés au combat, qui attendaient et qui se sont mis à prendre ce qu’ils appellent des trophées, des jeunes filles ou des femmes qu’ils ont violées ensemble." Ils ont tiré sur sa mère qu’ils ont forcé à regarder sa fille se faire violer par dix soldats.

 

Dire la vérité et espérer la justice

 

L’enjeu avec ces témoignages est de "dire la vérité", pour Patrick Desbois. Un enjeu d’autant plus crucial que "la brave équipe de Poutine, tous les jours, dénient ce qu’ils font". Le prêtre espère que ces entretiens serviront à des démarches de justice auprès de différentes instances, comme la Cour pénale internationale de La Haye (CPI) ou "les instances françaises ou étrangères d’Europe".

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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