C’est un logiciel qui fait couler beaucoup d’encre. Pegasus, développé par l’entreprise israélienne NSO Group, est au cœur d’un scandale, révélé il y a une semaine par le consortium de journalistes Forbidden Stories.
Pas moins de 50.000 numéros de téléphones auraient été surveillés, espionnés, via le logiciel israélien Pegasus. Un logiciel dont se servent des États comme le Maroc ou encore la Hongrie. Le numéro d’Emmanuel Macron aurait même été ciblé par le Maroc. Un espionnage aux conséquences diplomatiques lourdes.
Benny Gantz est aujourd’hui à Paris pour rencontrer son homologue française, la ministre des Armées Florence Parly. Il devrait à cette occasion donner à la France sa vision de cette affaire. "Il est absolument clair que dans un pays en guerre, dont la sécurité est l’axiome fondamental depuis sa création en 1948, et où la haute technologie est considérée comme extrêmement valorisée, l’Etat ne peut pas être au courant de ce que produit une entreprise en termes d’espionnages. C’est une évidence totale. Le gouvernement israélien a proposé les services de cette entreprise à différents gouvernements" explique Frédéric Encel, docteur en géopolitique, enseignant à Sciences Po Paris.
"Le renseignement de manière générale a toujours été une préoccupation fondamentale pour Israël. Quand la géographie et la démographie ne vous sont pas favorables, vous avez un intérêt vital à développer des renseignements. Cela toujours été le cas pour Israël. A force de survaloriser le savoir militaire, technique et universitaire, on finit par développer des services et des techniques qui intéressent des États puissants. Et on ne va pas y recenser" ajoute-t-il.
Pour ce dernier, depuis la nuit des temps, tout le monde espionne tout le monde. La question est de savoir quoi faire de ces renseignements, et comment se comporter quand on se fait prendre. Tel est bien le cas ici, puisque d’après les révélations du consortium de journalistes, Forbidden Stories, le Maroc, via Pegasus, aurait espionné le téléphone du président de la République française. De quoi bouleverser les relations diplomatiques entre la France et le Maroc, et la France et Israël.
"Les relations diplomatiques entre la France et Israël sont excellentes. On peut le déplorer, on peut s’en émouvoir, on peut s’en féliciter. Mais c’est bien le cas. Y compris sur le plan militaire et dans le milieu du renseignement contre les jihadistes. Maintenant il est bien évident que Madame Parly va évoquer l’émotion de l’Elysée et de la France de manière générale. Je ne pense pas que les relations se dégradent à condition que le ministre de la Défense israélien fasse amende honorable. La France et Israël sont dans le même camp" lance Frédéric Encel. S’agissant du Maroc, on dénote néanmoins un refroidissement des relations diplomatiques. Mais ce n’est pas la France qui a le plus à perdre dans cette affaire.
Une affaire qui pourrait pousser la France et d’autres États européens, explique Frédéric Encel, à s’équiper de techniques et de technologies capables, non pas forcément d’espionner encore mieux les autres, mais de parer ce genre de capacités de certains États, de créer des boucliers qui permettront de jouer dans la cour des grands.
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