La figure du prêtre dans notre société est-elle en train de changer ? Après les scandales qui ont abîmé le sacerdoce, la dénonciation du cléricalisme, et l’ignorance d’une société envers ceux qui consacrent leur vie à Dieu, quelle est l’espérance de ces hommes de foi ? Dans son dernier ouvrage, "Prêtre envers et malgré tout" (éd. du Cerf), le père Cédric Burgun, docteur en droit canonique et enseignant à l’ICP, livre un vibrant plaidoyer en faveur de la prêtrise.
"Je suis un prêtre heureux. J’aime ce que je fais, j’aime la consécration de ma vie. Après, il faudrait se demander ce qu’est être heureux. Le sacerdoce a ses joies et ses peines, comme toute vocation, comme tout métier, comme toute action. On se focalise un peu trop sur la question du bonheur comme si c’était le critère ultime de décision de nos vies. Le Christ n’a jamais promis le bonheur et l’extase à ses disciples" explique-t-il.
Pour le père Burgun, une crise peut en cacher une autre. A trop parler de la crise des abus sexuels dans l’Église, écrit-il, on pourrait passer à côté de celle que traversent de nombreux prêtres, qui ne sont en rien des abuseurs ou des pédophiles en puissance. "Il peut y avoir aujourd’hui une difficulté à vivre le sacerdoce dans la société actuelle, qui le méconnait ou le décrédibilise. Et la solitude des prêtres peut rendre le sacerdoce difficile. On se focalise beaucoup sur ces questions d’abus, d’autorité, de pouvoir dans l’Église, mais on a peut-être du mal à exprimer le sacerdoce, et à voir quelle est la vocation profonde d’un prêtre" ajoute-t-il.
Le père Cédric Burgun soutient qu’il existe des souffrances profondes au sein des prêtres en France. Il pointe du doigt l’absence de lieux de parole et de partage, pour les prêtres en souffrance. Il appelle aujourd’hui à repenser nos rapports prêtres-laïcs. "Ce n’est pas un manque de bienveillance, mais un manque de compréhension. Cette difficulté à comprendre le sacerdoce se retrouve également dans le peuple de Dieu. J’ai écrit ce livre pour cela : réfléchir à nos relations ecclésiales" lance-t-il.
Dans son livre, le père Cédric Burgun évoque le célibat, comme une difficulté, et la chasteté, comme une croix, pas un calvaire. "La croix est toujours ouverte sur la résurrection et sur la vie, sur le don de soi. Le calvaire serait plus une souffrance. Le célibat implique un renoncement dans l’ordre des relations. Il y a plein de prêtres qui le vivent avec joie et don de soi. Ce don de soi vient témoigner quelque chose de la présence de Dieu" témoigne-t-il.
Agacé enfin par la manière dont on a présenté le cléricalisme, qu’il faut dénoncer selon lui, le père Cédric Burgun conclut en indiquant "qu’il ne faut pas que cela devienne un nouveau soupçon jeté sur les prêtres, dès qu’ils auraient la moindre initiative pastorale". Face au cléricalisme, il appelle à se focaliser sur la paternité des prêtres : "c’est un accompagnement qui permet à l’autre de prendre son envol. Ce n’est pas un pouvoir sur les fidèles, mais un accompagnement".
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