Plus de cinq ans après les faits, le procès de l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray ravive des souvenirs douloureux pour les paroissiens, surtout ceux qui ont connu le Père Jacques Hamel. Alors que le diocèse prie pour les membres du tribunal, un autre procès est en cours concernant le prêtre assassiné. Celui de sa béatification et de la reconnaissance de son martyre.
Depuis la mort du Père Hamel, les prêtres et laïcs du diocèse de Rouen restent sous le choc, surtout ceux qui ont connu le prêtre assassiné en pleine messe. "Ça reste très présent, très douloureux, très fort", témoigne le Père Paul Vigouroux, curé de paroisse en Seine-Maritime. Et le procès ravive des souvenirs douloureux...
Depuis l'ouverture du procès de l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, le diocèse publie sur son site internet, des textes d’accompagnement spirituel. Dimanche dernier, lors de la prière universelle, le diocèse de Rouen a prié "pour le tribunal, les procureurs, les avocats, les parties civiles, etc."
Un autre procès est en cours concernant le Père Jacques Hamel. On parle en effet de "procès" dans l'Église catholique pour désigner la procédure de canonisation ou de béatification d'un baptisé. Le dossier du Père Jacques Hamel a été déposé à la Congrégation pour la cause des saints en 2019. "Il est bouclé, il est complet", rappelle le Père Paul Vigouroux, postulateur de la cause en béatification du Père Hamel.
Le procès qui s’est ouvert à Paris ce lundi 14 février n’aura pas de conséquence sur le procès en béatification. Le Père Vigouroux interviendra, toutefois, comme témoin, "à la fois pour expliquer à la cour ce qu’est un prêtre de paroisse dans une commune de France" et aussi "pour dire un peu les traits saillants de la personnalité du Père Hamel".
L’enquête judiciaire a permis de montrer que c’était prémédité : qu’on voulait tuer un prêtre dans une église
L’enquête judiciaire avait permis d'enrichir le dossier en vue de la béatification du Père Hamel. "Elle a permis de montrer que c’était prémédité : qu’on voulait tuer un prêtre dans une église." Cet élément va permettre de reconnaître le martyre, première étape vers la béatification.
D’ailleurs, le dossier "contient beaucoup d’éléments en faveur du martyre du Père Hamel". Les témoignages ont permis d’établir qu’il s’agit d’une mort violente et d’un assassinat perpétré en haine de la foi catholique. Fait important également, la victime, en l’occurrence le Père Hamel, n’a pas répondu par la haine. "Il a dit « va-t’en Satan », il a dissocié le malin qui habite le cœur de la personne qui pose l’acte." Le Père Paul Vigouroux ajoute que "le peuple chrétien a spontanément dit : c’est un martyre".
La reconnaissance du martyre du Père Hamel est donc quasi sûre. Quand donc sera-t-il béatifié ? "Quand ce sera opportun, ça sortira", répond le Père Vigouroux. On entre là dans le temps long de l’Église - pour les moines de Tibhirine, il a fallu attendre 17 ans et près de 100 ans pour Charles de Foucauld (il sera canonisé le 15 mai 2022).
Il faudra aussi du temps pour lire les 11.500 pages qui constituent le dossier, dont 5.000 pages d’homélies du Père Hamel. On y trouve également des courriers, des témoignages d’affection, d’anonymes ou d’officiels, des pages du livre d’or déposé dans l’église... Et plusieurs témoignages sur la vie du Père Hamel : 600 pages qui disent sa simplicité, sa manière de vivre, de célébrer l’eucharistie, de transmettre la foi.
"C’était un homme simple, humble, qui vivait de manière ordinaire ses jours ordinaires et qui faisait de manière ordinaire son travail de prêtre." Né en 1930 en Normandie, devenu prêtre à 28 ans, Jacques Hamel avait manifesté son désir de servir l'Église et sa paroisse jusqu’au bout. Il avait 85 ans quand il a célébré sa dernière messe, une simple messe de semaine.
La simplicité, c’est ce qui semble caractériser au mieux cet homme "qui vivait sans luxe". "Pour lui, l’important c’était la rencontre, rencontrer Dieu dans la prière, et rencontrer Dieu dans les autres et les autres en Dieu." Selon le Père Vigouroux, un tweet du pape François en 2013 illustre bien la vie du Père Hamel : "La sainteté ce n’est pas faire des choses extraordinaires c’est faire de manière ordinaire avec amour et avec foi ce que l’on à vivre au quotidien."
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