Phosphore à dire vrai voilà un mot relevant de la chimie et qui suppose des explications d’ordre scientifique. Encore que familièrement dans les années 1960, un verbe en fut tiré pour dire travailler. Alors, mes amis, nous disait un professeur, avez-vous phosphoré ? C’était notre professeur de chimie, alors forcément cela avait du poids !
Le phosphore est une substance chimique qui peut devenir lumineuse. Ce n'est pas un mot ancien : c'est en 1677 qu'on lui a donné ce nom. Et on peut laisser la place à Émile Littré qui l’explique fort bien, parce que point de phosphore encore dans nos dictionnaires du XVIIe. Alors, en 1876, Littré le décrit donc ainsi : « Corps simple non métallique, combustible, brûlant avec la flamme au contact de l’air, lumineux dans l’obscurité. »
Alors, avant de continuer, signalons qu’il s’agit d’un mot grec phosphoros, signifiant lumineux, de phos désignant la lumière et phore, qui porte. En vérité, phosphoros désignait aussi la planète Vénus, l’étoile du berger très lumineuse. Le phosphore blanc émet en effet de la lumière visible dans l’obscurité dès qu’il est exposé à l’air. Mais revenons à Littré, voilà ce qu’il précise : « Il fut trouvé d’abord dans l’urine ; on l’extrait aujourd’hui des os. C’est un alchimiste de Hambourg, nommé Brandt, qui, en cherchant la pierre philosophale… fit par hasard en 1669, la découverte du phosphore… » Pourquoi l’urine ? Brandt s’était imaginé qu’en ajoutant de l’extrait d’urine aux métaux vils qu’il voulait transformer en or, il avancerait dans sa recherche.
En fait le phosphore existe dans la nature à l’état de phosphate, mais aussi dans l’urine et dans les os. Évidemment on a fait ensuite des progrès considérables et déterminé différents types de phosphores. Parmi eux, il y a le blanc et le rouge. Le blanc, très inflammable, lumineux dans l’obscurité et hautement toxique, et le phosphore rouge qui en découle, non toxique. N’oublions pas que le phosphore est indispensable à la vie, et que les ressources s’épuisent… d’où son classement comme matière minérale critique. Alors notre professeur avait raison de nous pousser à phosphorer. Hélas, en travaillant, on produit des idées mais pas de phosphore ! D’ailleurs, je n’ai jamais eu les yeux qui brillent la nuit !
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