Créé par la Fédération des médias catholiques en hommage au père Jacques Hamel, assassiné par deux jeunes jihadistes le 26 juillet 2016, dans son église de Saint-Etienne du Rouvray, ce prix est une récompense qui "distingue un travail journalistique qui met en avant les initiatives de paix et les démarches de dialogue interreligieux".
Il a donc été remis jeudi dernier par le cardinal Philippe Ouedraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou en présence de Roseline Hamel, la sœur de Jacques Hamel, au journaliste de l’hebdomadaire la Vie Pierre Jovanovic pour son article : "Kayla Mueller, l’otage de Daech qui a vécu l’Évangile jusqu’au bout" publié le 7 novembre 2019. Le portrait posthume d’une jeune humanitaire américaine évangélique tuée par Daech en 2015 en refusant d’abjurer sa foi chrétienne.
"Quand on s’intéresse au fait religieux, et à la société française dans son ensemble, le dialogue interreligieux est un sujet qu’on ne peut pas louper. […] La France, c’est le pays du dialogue, de la discussion. La France est une nation profondément politique. A chaque fois que l’on parle de notre vision du monde, cela nous engage entièrement. C’est le défaut de notre qualité. On a tous les éléments pour que le dialogue interreligieux soit fructueux, mais je pense qu’il faut d’abord que les gens se rencontrent et se parlent. Il faut un dialogue interreligieux en vérité, qui va au fond des choses, et pas seulement un dialogue de salon, convenu" estime le journaliste Pierre Jovanic.
"Dès lors que l’on rencontre quelqu'un et que l’on engage un dialogue, forcément on change. Ce que la personne nous dit nous influence, parfois nous fait bouger dans notre vision du monde. Un des enjeux du dialogue interreligieux est d’être au clair avec nous-mêmes. On peut changer, parfois s’améliorer au contact de l’autre" ajoute-t-il.
Revenant sur l’article qui lui a permis d’obtenir le prix Jacques Hamel, Pierre Jovanovic rappelle que Kayla Mueller est une "jeune femme américaine originaire de l’Arizona, morte à l’âge de 26 ans dans les geôles de Daesh. Elle était passionnée par les causes humanitaires. Elle est allée en Inde, au Guatemala, en Cisjordanie. Elle était aussi active aux Etats-Unis. C’était une humanitaire prolifique. Et elle était en recherche spirituelle. Elle avait une soif d’absolu. C’était d’abord cela qui m’a touché. C’est quelqu’un qui parle à tous les jeunes d’aujourd’hui, qui se cherchent".
"Cela l’a conduit à la frontière turco-syrienne. En 2014, elle fait une incursion en territoire syrien, et elle est capturée par des terroristes qui faisaient partie de Daesh. Elle est emprisonnée et durant sa détention, elle a fait preuve d’un grand courage, d’une grande compassion, et elle n’avait pas de haine envers ses geôliers. Certains ont indiqué qu’elle avait refusé de se convertir à l’islam. Elle a fait passer une lettre à ses parents dans laquelle elle témoigne d’une profonde expérience spirituelle" précise-t-il.
"Par la suite, elle a été déplacée dans un autre lieu de détention, et elle a été offerte comme épouse au calife Al-Baghdadi. Elle a été violée. Elle était détenue avec des jeunes filles yézidis. Ces jeunes filles qui ont pu s’échapper ont raconté par la suite que Kayla Mueller avait fait preuve d’une grande ténacité, et d’une grande force morale. Elle a même refusé de s’évader avec ses co-détenus pour éviter de leur causer des problèmes. Elle est morte en février 2015. Son témoignage de foi m’a bouleversé, et il me semblait que c’était une figure très proche du père Jacques Hamel" conclut Pierre Jovanic.
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