Le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio apparaissait pour la première fois au balcon de la basilique Saint-Pierre. Il n’avait pas fallu plus de 48 heures pour que les cardinaux laissent s’échapper la fumée blanche de la chapelle Sixtine. Douze ans plus tard, c’est dans sa chambre d'hôpital que le pape fête l'anniversaire de sa nomination. Derrière lui, un pontificat marqué par ses réflexions sur l'environnement, l'immigration, les relations du Saint-Siège et les périphéries de la chrétienté, des sujets alors peu abordés par le Vatican. Pour revenir sur le pontificat du premier pape originaire du continent américain, décryptage de Mikael Corre, correspondant permanent au Vatican pour le journal La Croix.
Il est le 266ᵉ souverain pontife de l’Église catholique. Celui qui a pris le nom de François a profondément marqué l’histoire de l’institution et du monde. Il est le pape des "périphéries", multipliant les gestes forts à destination des plus pauvres et des migrants. Le pape de l'écologie, avec son encyclique Laudato si', et le pape du dialogue, en particulier avec les musulmans, ardent défenseur d'une véritable fraternité humaine. Premier pape jésuite et sud-américain, il a su imprimer sa marque. Retour sur 12 ans de pontificat.
Les journalistes à Rome vivent depuis plus d’un mois au rythme des communiqués de presse du Vatican, envoyés matin et soir sur l’état de santé du pape. Mikael Corre, correspondant de La Croix au Vatican, a vécu ce mois en apnée. "Tout le monde souffle, car pour les vaticanistes, cela a été une période chargée émotionnellement et en termes de travail." Plus de 950 journalistes se sont accrédités auprès du Saint-Siège depuis l’hospitalisation du Saint-Père le 14 février.
Tout le monde souffle, car pour les vaticanistes,
cela a été une période chargée émotionnellement
et en termes de travail
La communication autour de la santé du pape a changé au cours du dernier mois, souligne Mikael Corre. "La salle de presse du Vatican a voulu nourrir les journalistes en détails médicaux, en étant extrêmement transparente."
Les vaticanistes, habitués au langage canonique et théologique du service presse du Saint-Siège, ont dû s’adapter au vocabulaire médical complexe durant ce mois d’hospitalisation. Mikael Corre témoigne de la difficulté que représente cette évolution, notamment en raison de la traduction de l’italien au français. Il souligne également le manque criant de détails quant aux activités du pape François durant ses journées, la communication se limitant à quelques phrases laconiques.
Depuis le lundi 24 février, une prière du Rosaire est organisée sur la place Saint-Pierre en soutien au pape hospitalisé. Mikael Corre insiste sur l’unité de cet événement, qui rassemble même des cardinaux opposés au pape. "Certains disent que c’est un moment où, un peu comme on parlait des deux corps du roi, on pourrait parler des deux corps du pape : c’est à la fois François, le pape latino-américain qui a fait des réformes, et le représentant de l’Église catholique."
Les 12 années du pontificat du pape François ont été marquées par des réformes importantes pour l’Église et le monde. Dès le début de son pontificat, le Saint-Père s’est attaché à aller vers les périphéries.
Selon Mikael Corre, ce mot englobe une réalité géographique mais aussi existentielle. "Des périphéries, il peut y en avoir au cœur de nos villes ainsi que dans nos familles. Il a beaucoup insisté sur la notion de périphérie humaine."
À la fin de l’année 2024, le pape François a notamment réalisé un grand voyage en Asie du Sud-Est. Ce déplacement avait pour objectif de mettre en lumière ces territoires souvent oubliés, comme l'explique Mikael Corre : "Le simple fait que le pape s’y intéresse, puisqu’il est une figure extrêmement médiatique, les sort un tout petit peu de la périphérie."
Des périphéries, il peut y en avoir au cœur de nos villes ainsi que dans nos familles. Il a beaucoup insisté
sur la notion de périphérie humaine
Le souverain pontife a consacré son pontificat aux pauvres et s’est engagé pour l’écologie et la fraternité, notamment par le développement du dialogue interreligieux. "Par sa parole, le pape François apporte une réflexion sur la cause écologique et la pensée chrétienne, en établissant un lien avec une anthropologie chrétienne", explique le vaticaniste.
Par ses prises de position fortes, le pape François a su porter une parole entendue dans le monde entier, bien au-delà du seul cadre de l’Église catholique. "Il y a le regard du monde sur lui, puis celui de l'intérieur de l'Église qui, selon certains commentateurs, est plus clivé, plus divisé qu'auparavant", conclut Mikael Corre.
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