La semaine dernière, Donald Trump a été déclaré coupable des 34 chefs d’inculpations retenus contre lui dans l’affaire Stormy Daniel. Il est accusé d'avoir dissimulé un paiement de 130 000 dollars à Stormy Daniel, une ancienne actrice de films pornographiques. Quelles sont les conséquences de ce verdict et de la future peine sur l’élection américaine ? Jean-Éric Branaa, maître de conférence à l'université Panthéon Assas et spécialiste des Etats-Unis, décrypte cette décision.
Déclaré coupable, un verdict est tombé mais pas encore de condamnation pour Donald Trump. Aux États-Unis, dans le cadre du pénal, le jury se retire et décide de la culpabilité de la personne mise en cause. Mais le juge décide de la peine quelques jours plus tard, après avoir pris en compte un certain nombre d'éléments.
Dans le cas de l'ancien président des États-Unis, le fait qu'il n'a jamais eu de condamnation auparavant, que les charges retenues contre lui sont relatives dans l'État de New York et que c'est que c'est un ancien président, à nouveau candidat à l'élection présidentielle vont compter dans la peine qui sera attribuée. Cette condamnation est attendue au plus tôt le 11 juillet prochain.
Il ne peut y avoir aucune incidence sur la tenue du scrutin en lui-même. Il y a une stricte séparation entre tous les pouvoirs aux États-Unis et la justice ne peut statuer sur la vie politique. "La politique ne se décide que devant les électeurs, et seuls eux peuvent réagir par rapport à cette condamnation." affirme Jean-Éric Branaa, maître de conférence à l'université Panthéon Assas et spécialiste des Etats-Unis.
L'élection présidentielle de 2024 est inédite parce qu'on a jamais eu un électorat qui s'est décidé aussi tôt dans la campagne électorale. 94% des américains savent déjà pour qui ils vont voter. Les condamnations n'auront qu'une influence à la marge.
L'ancien président continue de remettre en cause l'indépendance de la justice. Il a déclaré, à la sortie de son audience, que le vrai verdict aurait lieu le 5 novembre prochain, jour de l'élection, par le peuple américain.
Pour Jean-Éric Branaa, maître de conférence à l'université Panthéon Assas et spécialiste des Etats-Unis : "Ce verdict va rassembler encore plus les électeurs de Donald Trump autour de leur champion car ils ont l'impression qu'on a essayé de le faire tomber par des moyens déloyaux en instrumentalisant la justice."
"Il a fait profil bas dans la salle d'audience. Mais à l'extérieur du procès, il a été très combatif." observe Jean-Éric Branaa. Étant contraint de rester dans l'État de New York, le 45ème président se rendait le soir dans des restaurants hispaniques ou dans le quartier du Bronx en faisant campagne et en s'adressant à des communautés pas habituellement acquis à sa cause, en l'occurrence les hispaniques et les afro-américains.
C'est bigrement compliqué pour l'actuel président et c'est quand même un comble de penser que c'est Donald Trump qui est coupable et que c'est Joe Biden qui doit faire profil bas.
"Le candidat démocrate semble piégé par le candidat républicain qui a répété à longueur de temps que la justice avait été instrumentalisée et que Joe Biden se servait d'elle pour essayer de faire tomber son adversaire parce qu'il ne pouvait pas le battre dans les urnes." C'est l'analyse qu'en fait Jean-Éric Branaa. "L'urgence aujourd'hui pour Joe Biden est de montrer que ce n'est pas le cas. S'il en fait trop, on va penser qu'il se vante d'avoir réussi à faire tomber son adversaire et l'opinion pourrait se retourner contre lui en pointant du doigt sa déloyauté, mais s'il en fait pas assez, on va dire que l'affaire n'était vraiment pas importante puisqu'il n'en parle pas." L'actuel président se retrouve donc partagé entre deux stratégies qui se trouvent à l'extrême l'une de l'autre et offrent une perspective de campagne assez étonnante.
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