La vie diplomatique française est marquée par la visite du président chinois Xi Jiping les 6 et 7 mai pour célébrer les 60 ans de la relation bilatérale entre les deux puissances. Jean-Vincent Brisset, spécialiste et chercheur de la Chine nous explique les enjeux de cette rencontre.
Durant deux jours, Emmanuel Macron et Xi-Jiping doivent évoquer des sujets portant sur les conflits internationaux ou l'économie. Pourtant Jean-Vincent Brisset constate que cette visite représente surtout une stratégie de communication. Le chercheur cherche à cerner les objectifs de cette rencontre entre les deux chefs de l'État.
Une première journée protocolaire à l’Élysée a permis d’évoquer entre les deux chefs d’État la crise internationale, les relations commerciales et les enjeux environnementaux. Emmanuel Macron et Xi Jinping se rendront ensuite mardi dans les Hautes-Pyrénées pour “un moment semi-privé", faisant partie intégrante de la stratégie de communication de la Chine. Une stratégie qui se répète depuis une trentaine d'années lors des visites des dirigeants chinois en France. L'objectif est de donner l'impression "d'un dialogue d’homme à homme, mais qui reste superficiel", selon le spécialiste de la Chine.
L'intérêt pour la France en accueillant Xi Jinping est de se présenter comme leader en Europe en témoignant d’une relation privilégiée avec la puissance chinoise. Quant à la Chine, cette rencontre lui permet de montrer qu’elle maintient le dialogue avec l’Europe. L’objectif serait aussi selon Jean-Vincent Brisset “de chercher un peu sournoisement à provoquer les divisions en Europe en particulier entre la France et l’Allemagne”.
Le rapport de force est déséquilibré entre la deuxième plus grande puissance mondiale et la France, qui est vue par les Chinois comme un “tout petit pays au bout de la carte”. Jean-Vincent Brisset contredit l’idée que la France serait un partenaire privilégié de la Chine, en effet l’Allemagne endosse davantage ce rôle selon son analyse.
Aujourd’hui, il considère que malgré les tensions qui fragilisent leur relation, l’Europe et la Chine ont encore besoin l’un de l’autre économiquement, bien que “la France essaie de se détacher de sa souveraineté économique, ne voulant plus que la Chine soit le seul fournisseur possible”.
Finalement, Jean-Vincent Brisset estime qu’on peut seulement attendre de cette visite une annonce concernant la guerre en Ukraine. La position de la Chine est selon lui complexe puisqu’elle se positionne comme “le pays à la tête de ceux qui refusent les diktats occidentaux, qui décident de qui est dans le camp du bien ou du mal”. Elle est également bien consciente qu’elle ne peut livrer de matériel militaire à la Russie au risque de le payer très cher vis-à-vis de l’Europe. Selon le spécialiste, la Chine se positionne en faveur d’un cessez-le-feu pour amorcer la voie de la paix en Ukraine.
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