L'adoption de la réforme des retraites et le recours au 49.3 entraînent une crise de la démocratie sociale, regrette Joseph Thouvenel. L'ancien secrétaire général de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) déplore "un mauvais texte" et les "mensonges" du gouvernement.
Le projet de réforme des retraites a été définitivement adopté lundi dernier par le Parlement. Mais cela s'est fait dans la douleur, provoquant une "crise de la démocratie" car pour Joseph Thouvenel, le recours au 49.3 "passe très mal". L'ancien secrétaire général de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), et directeur du magazine Capital Social, estime que nous sommes dans une "crise de la démocratie sociale parce que les syndicats" se sentent "ni entendus ni écoutés", mais "méprisés".
Il y a d'abord cet "accord avec le Sénat et les sénateurs qui, eux, continuent à partir en retraite à l’âge de 62 ans après six ans d’activité comme sénateurs, ils peuvent avoir une retraite de 2200 euros". Et là "on voit très bien que ça ne peut pas passer !" s’exclame Joseph Thouvenel. "Des gens qui votent la suppression des régimes spéciaux – et là on peut en discuter – mais qui ne votent pas la suppression de leur propre régime, mais comment éviter que ça mette le feu à la nation ?"
Les mesures envisagées par le projet de loi sur la réforme des retraites ne permettent pas, selon Joseph Thouvenel de régler le problème des retraites "dans la durée". "Le problème des retraites dans la durée c’est quand même le remplacement des générations et on ne voit pas une seule mesure concernant une politique familiale proactive dans ce projet de loi, souligne le directeur du magazine Capital Social. Au contraire on s’est aperçus que les mères de famille, ce projet de loi leur retirerait des droits. Et on se dit : mais qui a préparé un aussi mauvais texte ?" Et pour Joseph Thouvenel cette colère qui monte ne peut que "faire le jeu des extrêmes…"
Pour éviter la violence il faut avoir un message de vérité
"Une bonne loi sur les retraites est une loi qui permet à tous ceux qui ont fait le même métier pendant un même nombre d’années de pouvoir partir à la retraite en vivant dignement", estime Joseph Thouvenel. Par ailleurs, l’essentiel reste pour lui "d’éviter toute violence", ajoute-t-il. "Et pour éviter la violence il faut avoir un message de vérité. Et on s’aperçoit que le gouvernement actuel, mais c’est une dérive des politiques en général… pratique le mensonge activement ou par omission et donc il y a un rejet de la démocratie." Or, selon lui le "mensonge" est là : "Qu’on ne nous dise pas qu’il y a une urgence puisqu’on est passés de moins 13 milliards en 2020 à plus 900 millions en 2021 et sans doute plus trois milliards en 2022 !" Des chiffres sur le système de retraites publiés en septembre dernier par le COR (Conseil d’orientation des retraites). Ainsi, "les efforts, les sacrifices faits par les salariés depuis des années portent leurs fruits", rappelle l’ancien secrétaire général de la CFTC.
Le débat autour de la réforme des retraites a mis en exergue l’emploi des seniors avec en toile de fond un autre sujet : celui du travail et du sens qu’on lui donne. Pour Joseph Thouvenel on doit pouvoir de se demander : "Quel sens a mon travail ? Est-ce que je participe au bien commun quand je travaille ? Est-ce que je suis co-créateur, je participe à une œuvre ? Si tel est le cas alors j’aime travailler."
Des principes que l’on retrouve dans la pensée sociale de l’Église. "Pour beaucoup de salariés leur travail n’a plus de sens, regrette l’ancien leader de la CFTC, ils ne sont là que pour faire du profit… ils ne savent plus pourquoi exactement où ils travaillent, où est le bien commun." Alors qu’une nouvelle loi travail est justement en préparation et devrait comporter des mesures sur l'emploi des seniors et les conditions de travail, Joseph Thouvenel insiste sur "le sens du travail". "C’est là-dessus qu’on devrait poser les choses : quel est le sens du travail ? Et quelle que soit ma tâche, la tâche la plus humble peut avoir un sens."
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