Effondrement des récits philosophiques, spirituels et politiques au profit d'une société de consommation. Dans "La France d'après", Jérôme Fourquet dépeint une société qui a subi, en seulement quelques décennies, des mutations incroyablement profondes. Jérôme Fourquet est le directeur du département opinion de l'IFOP, il publie "La France d'après" aux éditions du Seuil.
La France connaît de profondes mutations sociétales. Les dernières tendances, et résultats électoraux montrent des changements dans ce que les observateurs ont pu décrypter pendant des années. Désormais, nous sommes déjà entrés dans la France d'après, "celle que l'on vit aujourd'hui", assure Jérôme Fourquet.
Invité de la matinale RCF, Jérôme Fourquet justifie le choix de son titre de nouveau livre, La France d'après. "C'est pour bien montrer et faire sentir l'ampleur des transformations que le pays a traversées. Il a connu une grande métamorphose qui fait que cette France contemporaine s'inscrit quand même dans un cadre qui est très différent de celui qu'on a connu historiquement jusque dans les années 80/90".
L'auteur poursuit, " le score cumulé d'Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse, les deux représentantes des deux grands partis qui ont structuré notre vie politique pendant des décennies, est de 6,5 % au premier tour", rappelle Jérôme Fourquet, avant de poursuivre : "ça vous montre l'ampleur de la cassure et du bouleversement que nous avons vécu sur le plan politique. Et ce qui se passe sur le plan politique n'est que la résultante de transformations plus profondes à tout point de vue".
En seulement quelques décennies, la France a connu un effondrement des grands récits, qu'ils soient philosophiques, philosophiques et spirituels. Il y a eu cette "matrice catho républicaine ou catho communiste tout à fait structurante encore dans la France des années 1960". À l'époque, au moment de Vatican II, "les chiffres de l'Ifop indiquent que 35 % des Français vont à la messe tous les dimanches", fait savoir Jérôme Fourquet.
A contrario, "20 à 25 % des Français votaient pour le Parti communiste. Il n'y avait pas de risque de double compte puisque ceux qui votaient communistes n'étaient pas très assidus à la messe", justifie-t-il. "Il y avait à peu près 60 % de la population qui se rangeait déjà de manière quasiment automatique sous ces deux bannières".
Catégoriser les populations semblait effectivement plus simple. "Aujourd'hui, les résultats sont les suivants : Fabien Roussel pour le Parti communiste a fait 2,5 % des voix et d'après les données de l'Ifop, on est aux alentours de 3 à 4 % de Français qui vont à la messe tous les dimanches", analyse l'auteur.
"En deux ou trois générations, nous sommes passés d'un double bloc qui agrégeait 60 % de la population à aujourd'hui un effet résiduel, où on a plus que 5 à 6 % des Français qui se reconnaissent". Des chiffres effectivement largement en dessous ce qu'on pu observer les observateurs politiques et sociétaux pendant plusieurs générations.
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