La prière personnelle devant le Saint-Sacrement connaît un engouement en Haute-Savoie. Rien qu'à Annecy, la proposition d'adoration perpétuelle rassemble plus de 300 personnes. Plusieurs paroisses, sanctuaires et lieux de retraite spirituels du département proposent par ailleurs des créneaux réguliers d'adoration. Alors qu'est-ce qui touche les pratiquants, dans cette dévotion ? Et quels écueils à éviter, pour donner une juste place à l'adoration dans la vie chrétienne ? Témoignage de laïcs, prêtres et théologien.
"L'adoration, cela n'a pas été un coup de foudre : c'est une relation qui se tisse petit à petit" confie Marie-Hélène. A Thyez, elle organise le temps d'adoration mensuelle. Comme elle, de nombreux pratiquants n'ont pas immédiatement adhéré à l'adoration, mais y sont revenus, comme attirés. A Rumilly, Marie-Pierre décrit "un cœur à cœur avec le Christ", "un moment de grâce, qui aide à revenir à l'essentiel". A Annecy, Marina, l'une des initiatrice de l'adoration perpétuelle dans la chapelle de l'église Saint-Laurent, confie comme cette forme de prière lui est apparue comme "une réponse personnelle et communautaire, dans une actualité souvent bouleversée ".
Un prolongement de la messe
"Un écueil de l'adoration serait de considérer que Jésus n'est présent que là, dans cette ostie ! Sa présence est multiple : il est présent dans la célébration eucharistique, dans le ministre, dans sa Parole, dans la liturgie des heures, dans les sacrements, ou encore dans le service du frère ! " souligne le frère Pascal Prétot, bénédictin, professeur à l'Institut Catholique de Paris et auteur d'un article intitulé Le Renouveau de l'adoration eucharistique. "L'autre risque serait de déconnecter l'adoration de la messe : elle en est un prolongement". Des enjeux auxquels est sensible Marina : "Nous mettons en évidence, près du Saint-Sacrement, le texte d'Evangile du jour. Les adorateurs sont invités à le lire".
Servir le frère, faire de notre vie un don : c'est à cela que doit mener l'adoration
François a redécouvert cette pratique il y a quelques années : "Je travaille à Cluses. Un collègue m'a un jour invité à un temps spirituel sur le temps de midi, au presbytère : adoration, office du milieu de journée et repas partagé. Je trouve cela plus facile de prier en regardant le Saint-Sacrement. Partager ce temps d'adoration avec des collègues m'a ouvert à voir en tout homme un frère" raconte le père de famille. Une prière transformatrice ? C'est le ressenti de Marie-Hélène : "J'ai appris à écouter ce que Jésus me disais. Et ma prière a évolué : elle est plus tournée vers les autres. Et puis, c'est une manière de faire vivre ma communauté, en ouvrant l'église". "Je relie mes temps d'adoration aux visites de malades. D'ailleurs, je leur porte souvent l'eucharistie" confie Marie-José, adoratrice régulière à Rumilly. "Le service du frère, la charité : c'est à cela que doit mener l'adoration" conclut le Père Jean-Claude Mutabazzi, curé de la paroisse Thonon et membre du conseil épiscopal. "Contempler Jésus, qui s'est donné au Père et aux Hommes, nous invite à faire aussi de notre vie, un don".
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