Dans les évangiles, Jésus dit de lui-même "ma royauté n`est pas de ce monde". Une phrase énigmatique : pourquoi dit-on que le Christ est roi ? Et quel est ce roi venu pour servir les humains jusqu`à donner sa vie pour eux ?
"Christ Roi" : pourquoi ce titre à connotation politique pour quelqu'un que l'histoire reconnaît comme guide spirituel ? Pourquoi déclarer roi celui qui a dit : "Ma royauté n’est pas de ce monde" (Jn 18, 36) ? Une déclaration pour le moins énigmatique... Plus étonnant encore, lors de sa Passion le Christ possède les attributs de la royauté : "Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d'épines et le manteau pourpre" (Jn 19, 5) écrit saint Jean, qui dit aussi : "Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. »" (Jn 19, 19) Ainsi, que célèbre-t-on quand on célèbre la royauté du Christ ?
"Messie" en hébreu ou "Christ" en Grec : le terme signifie "celui qui a reçu l'onction". Dans la tradition juive, oindre, c'est-à-dire toucher une partie du corps avec de l'huile, correspond à un rituel par lequel le roi est fait roi. Or à l'époque du Christ, le petit royaume d'Israël menacé par ses voisins attendait un roi, qui instaurerait la paix autour de lui. On attendait un roi humain, mais dans certains courants du judaïsme on espérait un être plus céleste. Il y avait différentes conceptions de ce Messie attendu. Les disciples de Jésus sont ceux qui ont reconnu en lui ce roi, ils se sont fiés à lui, ont accepté son message et ont voulu vivre à sa manière. "Les chrétiens envisagent Jésus comme roi, comme choisi par Dieu."
Dans le Nouveau Testament, Jésus se compare à un berger, il lave les pieds de ses disciples, il est crucifié comme un malfaiteur... Quelle sorte de roi est-il donc ? L'image du berger est intéressante car dans la tradition biblique, le berger est très étroitement associée à la figure du roi. De même que le berger doit rassembler ses brebis, le roi est chargé de faire l'unité de son peuple ; de même qu'il doit les protéger contre les loups, le roi protège son peuple ; et comme le berger veille à nourrir ses brebis, le roi doit assurer une prospérité économique à son peuple. "Ceux qui ont côtoyé Jésus ont perçu ces dimensions-là, explique le Père Descreux, ce qui a aidé à le rapprocher de l'image du roi."
"Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul." (Jn 6, 15) Pourquoi Jésus refuse-t-il qu'on le fasse roi ? "Il refuse une royauté qui serait à la manière de ce monde", explique le bibliste. Plus tard dans l'Évangile de Jean, Jésus dit à Pilate que sa "royauté n’est pas de ce monde" et il ajoute : "Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité." (Jn 18, 37) Le royaume du Christ est "spirituel", et "son royaume", celui de "ceux qui sont amoureux la vérité".
Jésus renverse l'idée de pouvoir. Avec lui, il ne s'agit plus d'exercer une forme de coercition sur quelqu'un, ni de donner une rétribution à quelqu'un pour qu'il vous obéisse. "La vérité du pouvoir politique, c'est le service. Et si quelqu'un détient du pouvoir et le vit autrement que comme un service, on est dans un dévoiement, dans le mensonge, on n'est pas dans la vérité de ce que doit être le pouvoir." La façon d'envisager le pouvoir selon Jésus lui a valu d'être crucifié. "Ça gratte un peu toutes les autorités qui rêvent le pouvoir comme une manière de s'imposer aux autres !"
La façon d'être roi selon Jésus ? Il ne regarde pas les gens de haut, il n'a jamais refusé de rencontrer quelqu'un, il n'est pas quelqu'un d'intimidant ni de distant... "Jésus est un roi particulier qui identifie sa cause à celle du plus petit de son royaume." Dans l'Évangile de Matthieu il dit en effet : "Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait." (Mt 25, 45) Les attributs - couronne d'épine, manteau de pourpre, écriteau - que l'on donne à Jésus c'est une manière de se moquer de lui, "une mascarade". Car en fait on découvre à ce moment-là "que ce roi est d'abord un roi qui lui aussi souffre, qui peut rejoindre toutes les souffrances humaines, qui n'échappe pas à notre condition humaine".
Dans le souci de s’adresser au plus grand nombre et avec curiosité, Pauline de Torsiac sollicite théologiens et biblistes pour un échange enthousiaste sur les fondamentaux de la foi chrétienne.
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