Pratiqué à travers le monde pour ses vertus, le jeûne ne s'improvise pas. Les précisions de Sabah Rahmani, rédactrice en chef adjointe du magazine Kaizen.
Dans nos sociétés de consommations, bien souvent, on mange trop ! Le jeûne, qui est pratiqué depuis des millénaires dans de nombreuses traditions, sous diverses formes, a pourtant de nombreuses vertus. Dans la tradition chrétienne, le jeûne s'apparente à la période dite du Carême.
S’il est initialement suivi pour des raisons rituelles et spirituelles, ses bienfaits pour la santé sont aujourd’hui de plus en plus vantés en Occident et font l’objet de recherches scientifiques et médicales. Il est souvent envisagé comme outil de détoxination, voire de soin. On voit ainsi fleurir de nombreuses cures détox, parfois combinées à des activités comme la marche ou le yoga, et on observe aussi de plus en plus d’adeptes du jeûne intermittent.
Alors pourquoi faudrait-il se priver de nourriture ? Aux États-Unis, des stars ont fait du jeûne « 5/2 », cinq jours d’alimentation normale et deux jours à 500 calories, leur recette amaigrissante. Des sportifs ont quant à eux annoncé de meilleures performances grâce au jeûne intermittent qui prévoit deux repas en huit heures et rien d’autre. Les stages de jeûne hydrique - où l’on boit uniquement de l’eau - attirent des publics avec des motivations diverses : rééquilibrer son alimentation, retrouver de l’énergie, évacuer le stress, se ressourcer, méditer, etc.
Bien souvent, nos régimes alimentaires contiennent trop de protéines animales, trop de graisses et trop de sucres. Jeûner permet donc de purger ce qu’on a stocké en excès. Et il semble plus facile de repartir après un jeûne sur une alimentation plus saine.
Officiellement, en France, il ne peut s’agir que de jeûne préventif, destiné à nettoyer l’organisme. Jeûner de façon médicalisée, pour se soigner, est interdit, à la différence de pays comme l’Allemagne ou la Russie, où des centres spécialisés dans le jeûne thérapeutique se sont développés pour traiter des cas d’hypertension, de diabète, des maladies chroniques inflammatoires, voire même de dépression.
Si on est en bonne santé il est important de bien s’informer avant, et si on est atteint d’un trouble, il est important de demander un avis médical. Et ce d’autant plus qu’il existe plusieurs types de jeûnes, dont les durées varient aussi. Ce qu’il faut savoir c’est que lorsque nous cessons de manger, notre corps s’adapte et met en place des voies de substitution : il utilise d’abord, durant 24 à 48 heures, ses réserves de glucose stocké dans le sang ou le foie. Et quand celles-ci sont épuisées, il puise dans les graisses et les protéines pour fabriquer du glucose. Mais au bout de cinq jours environ, il préserve les protéines musculaires, et une fonte protéique trop rapide serait dangereuse pour l’organisme.
En fait, le jeûne nous met aussi face à nous même, puisqu’il fait appelle à notre motivation, notre adaptation et à notre capacité d’introspection. Il invite à observer nos réactions, à lâcher prise, et à prendre conscience des liens entre notre corps et notre esprit. C’est une expérience qui nous rapproche de l’intime et nourrit une plus forte communication avec nous-mêmes.
Kaizen est un magazine "explorateur de solutions écologiques et sociales". Une chronique à retrouver tous les mardis à 10h55 dans Je pense donc j'agis.
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