Paris
La guerre en Ukraine s'éternise et le président russe tente de dissuader les Occidentaux de poursuivre leur soutien militaire à Kiev en brandissant la menace nucléaire. Désormais, toute pression contre l'intégrité territoriale de la Russie ou de ses alliés pourrait justifier une frappe nucléaire. Le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale, décrypte les risques liés à cette menace nucléaire.
Le nouveau décret signé par Poutine, qui élargit les critères d'utilisation de l'arme nucléaire, , pourrait marquer un tournant dans la guerre en Ukraine.
Selon Jérôme Pellistrandi, la surenchère nucléaire lancée par Vladimir Poutine n'aboutira pas. "La dissuasion nucléaire fonctionne. La France est une puissance nucléaire, le Royaume-Uni est une puissance nucléaire, et l'OTAN, donc les pays européens via les États-Unis, disposent de cette capacité." Le général affirme que les puissances nucléaires occidentales empêchent la Russie d'agir. Il en déduit l'impuissance de la Russie face à ses ennemis occidentaux. "On a la démonstration que, justement, le fait d'être une puissance nucléaire empêche finalement Vladimir Poutine de franchir cette ligne rouge."
La dissuasion nucléaire fonctionne.
Le rédacteur en chef de la Revue Défense nationale estime que détenir cette arme de destruction massive est indispensable pour les Européens, afin de se protéger contre l'hypothétique application des discours violents du chef d'État russe . "Parce qu'il y a cette arme de destruction massive, cela empêche Vladimir Poutine d'aller au-delà de l'agitation et des discours ultra-violents contre l'Europe." Le militaire présente l'arme nucléaire comme une arme de "non-emploi", qui servirait à prévenir les conflits de grande envergure.
Le consultant défense de BFMTV explique que la défense nucléaire est utile dans la mesure où elle permet d'éviter une escalade vers un conflit d'ampleur mondiale. "Et c'est la raison pour laquelle, paradoxalement, la dissuasion nucléaire est une garantie pour éviter le dérapage vers une guerre qui, elle, serait incontrôlée." Jérôme Pellistrandi considère la force nucléaire comme un mal, mais un mal au service d'un plus grand bien.
La dissuasion nucléaire est une garantie pour éviter le dérapage vers une guerre.
Pour le docteur en Histoire, les menaces de Poutine restent vaines, car elles ne mèneront à rien. Il décrit la puissance nucléaire comme une arme de dissuasion, c'est-à-dire une arme de non-emploi. "On voit bien que l'idée est vraiment de faire en sorte que, justement, on ne monte pas aux extrêmes."
Le chef militaire soutient l'idée qu'utiliser l'arme nucléaire serait contre-productif pour la Russie. "Mais il faut bien souligner qu'il sait très bien qu'il ne peut pas franchir cette ligne rouge, car il serait celui qui, dans l'histoire, aurait utilisé l'arme nucléaire pour la première fois depuis 1945." Jérôme Pellistrandi met en évidence les conséquences possibles de l'utilisation du nucléaire à l'international, qui ferait de la Russie la principale menace à l'échelle mondiale.
Mais il faut bien souligner qu'il sait très bien qu'il ne peut pas franchir cette ligne rouge.
Le rédacteur en chef de la Revue Défense nationale rappelle également que l'allié de la Russie, la Chine, n'a aucun intérêt à ce que la Russie utilise l'arme nucléaire. "Il ne faut pas oublier qu'il a aussi un partenaire dans cette guerre qui ne souhaite pas une escalade, c'est la Chine. Elle a besoin de stabilité pour son économie, et l'utilisation d'une arme nucléaire tactique par la Russie serait un bouleversement historique sans précédent." Selon le militaire, si la Russie veut garder son allié chinois, elle ne devrait pas mettre ses menaces à exécution.
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