Précarité : à l'épicerie gratuite de Rennes 2, des étudiants s'organisent

Une centaine de personnes attendent, bocaux et cabas sous le bras. Karim est étudiant en master d’urbanisme. Il a commencé à venir à l’épicerie en fin d’année dernière. “Quand j’ai plus eu de sous, quoi”, sourit le jeune homme qui complète ses revenus par des petits boulots de serveurs et se résigne, dès que son emploi du temps le permet, à venir faire la queue à l’épicerie gratuite. Créée en 2019, l’association rennaise a été l’une des première de France, et a essaimé dans d’autres facultés et d’autres villes.

“On voit beaucoup les mêmes têtes, regrette Louane Rouleau, bénévole depuis trois ans. Beaucoup sont des étudiants étrangers, qui ne touchent pas les bourses du Crous.” Au moment de débuter la distribution, Barnabé Petit, le co-trésorier de l’association, monte sur une chaise et prévient : ”Nous n’avons pas beaucoup de choses aujourd’hui, la banque alimentaire nous a moins donné, ça arrive parfois, malheureusement.”

Des denrées variées et gratuites 

Sur les quatre frigos, les bons jours, les étudiants peuvent prendre quatre produits. Aujourd’hui ce sera deux : un produit laitier et un plat ou une viande. En moyenne, les bénéficiaires repartent avec un panier entre 1 et 2 kilogs selon les distributions. Anaëlle, étudiante en première année en sociologie, a pris la dernière petite brique de lait du frigo. “Ca va me faire au moins trois jours. Heureusement qu’ils sont là, ça améliore le quotidien.” 

A l’extérieur du local se trouvent les étals d’aliments secs : pain, brioche, café, fruits et légumes, conserves, lentilles mais aussi de l’huile et des épices “très appréciés des étudiants”, constate Louane Rouleau.

Les fruits sont un achat de l’association, qui bénéficie d’aides financières de l’université Rennes 2, de la Ville, du Département et de la Région. L’épicerie organise aussi des ramassages dans des grandes surfaces partenaires, et travaille avec des associations comme la banque alimentaire.

Une lutte politique contre la précarité

Depuis la rentrée, une centaine de bénévoles participent aux ramasses et aux distributions. “Ici, insiste Barnabé Petit, il n’y a pas de différence entre bénévoles et bénéficiaires, mais avant tout des étudiants qui s’entre aident. Notre engagement est politique : de lutter contre la précarité, rappeler qu’il est anormal que des gens n’aient pas de quoi se nourrir. Même si on adore se retrouver, on n’attend qu’une chose, c’est de disparaître. Nous sommes une solution temporaire.”

Les distributions ont lieu trois fois par semaine, les lundis et mardis soirs, ainsi que le vendredi après-midi. Avec, à chaque fois, une file d'attente qui occupe tout le hall du bâtiment associatif. Certains attendent dehors leur tour. L’an dernier, l’épicerie gratuite a distribué 30 tonnes de denrées à ses 200 bénéficiaires.