Elle recyclait déjà les gobelets en plastique des machines à café, Versoo recycle maintenant les masques chirurgicaux, eux aussi en plastique.
Depuis janvier 2021, cette petite entreprise de Saint-Sylvain-d’Anjou, près d’Angers, collecte les masques usagés des entreprises et des collectivités. Elle les transforme en billes plastique pour l’industrie et s’apprête à lancer sa propre gamme d’objets à base de masques recyclés.
Au départ, Versoo ne voulait pas se lancer dans le recyclage des masques, car elle pensait que la pandémie ne durerait pas. Mais finalement, face à la demande de ses clients, elle a changé d’avis.
« Comme on avait déjà un processus industriel pour le recyclage des gobelets, il a juste fallu l’adapter, explique Valérie Delesalle, cofondatrice de Versoo. Au bout de trois semaines d’essais, on était prêts. »
Depuis le lancement de l’offre en janvier, Versoo est débordée par la demande. Elle est déjà passée de trois à cinq salariés. « C’est assez impressionnant le succès que ça peut avoir, on est vraiment très très sollicités », confie-t-elle. Rien qu’en avril, l’entreprise a signé avec 750 nouveaux clients dans toute la France.
« Alors que notre cœur de cible, ce sont plutôt les entreprises, un tiers de nos clients sont des collectivités, notamment des communes », observe-t-elle. En Maine-et-Loire, Versoo collecte ainsi les masques des villes d’Angers, de Montreuil-Juigné, de Savennières, de Soulaire-et-Bourg…
Parmi ses gros clients, on trouve des entreprises comme Cointreau ou Saint-Macloud, mais aussi l’université d’Angers. « Le succès est vraiment là, le besoin est là, constate Valérie Delesalle. Les entreprises et les collectivités sont vraiment très en recherche de solutions pour le recyclage. »
Le service est facturé en fonction du nombre de containers, chacun pouvant contenir 350 masques. « C’est 140 euros pour cinq containers, 260 euros pour dix containers, etc, sachant que ça inclut la collecte et le recyclage », précise-t-elle.
Depuis janvier, Versoo a distribué 25 000 containers, de quoi collecter près de 9 millions de masques à recycler. « Quand les containers pleins arrivent chez nous, ils sont stockés pendant un mois, puis les masques sont désinfectés », explique Valérie Delesalle.
« Ensuite, ils sont broyés, extrudés, triés, poursuit-elle. A la fin, on obtient des billes plastique en polypropylène, qui sont des matières premières réutilisables en plasturgie. » Il faut 300 000 masques pour obtenir une tonne de ces petites billes bleues, qui seront fondues pour faire des objets en plastique.
« On a un certain nombre de plasturgistes de la région qui sont intéressés, précise-t-elle. Ils vont pouvoir en mettre un faible pourcentage dans leur flux, pour pouvoir créer des objets plastique, des caisses dans l’automobile, etc. »
Mais l’entreprise Versoo a déjà d’autres idées pour recycler les masques. « Notre intention, c’est de pouvoir créer des boucles complètes en économie circulaire, et donc de pouvoir créer notre propre gamme d’objets 100 % recyclés, fabriqués localement. »
Elle planche déjà sur une ligne de mobilier avec des poufs et des canapés en palettes, conçus avec l’entreprise Lilokawa, à Ancenis. Les coussins seront cousus dans des chutes de toile et seront rembourrés avec une sorte de ouate faite de masques broyés.
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