C’est un score digne des petits candidats. Et pourtant, c’est aujourd’hui celui d’une force politique historique. Valérie Pécresse a récolté dimanche soir 4,78 % des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle. Une défaite sévère pour le parti Les Républicains, au pouvoir encore en 2012. Avec un tel score, les frais de campagne ne sont pas remboursés par l’Etat. Le parti de droite se retrouve désormais en grande difficulté.
4,78 %, c’est le score le plus bas de l’histoire des Républicains. Cette défaite est la troisième consécutive du parti à l’élection présidentielle.
Valérie Pécresse a dès dimanche soir annoncé qu’elle voterait "en conscience" pour Emmanuel Macron au second tour, et invité ses électeurs à faire de même. Lundi, les cadres du parti se sont réunis pour décider ensemble d’une consigne de vote. Elle reste assez souple. "Aucune voix ne peut se porter sur Marine le Pen", a affirmé Christian Jacob, le président des Républicains. Mais il n’appelle pas clairement à voter pour Emmanuel Macron et assume une diversité d'opinions dans son parti.
Avec un score inférieur à 5 %, les frais de campagne ne sont pas remboursés par l’Etat. Ils s’élèvent à 7 millions d’euros pour Valérie Pécresse. 2 millions ont été apportés par le parti. Les 5 restants ont été empruntés à titre personnel selon la candidate. Elle a lancé lundi un appel aux dons pour l’aider.
Cette situation est inédite pour le parti, mais n’est au fond pas le problème principal. "C'est le substrat électoral qui a disparu. Parce que dans le fond, les réseaux des Républicains dans le milieu économique, du côté du MEDEF, du patronat, sont importants donc ils ont des réserves, ils peuvent être appuyés et financés, affirme Luc Rouban, politologue au CEVIPOF, le centre de recherches politiques de Sciences Po. Le problème, c’est fondamentalement leur identité politique qui est en jeu maintenant."
Ce changement historique s’explique notamment par les mutations du paysage politique, depuis l'élection en 2017 d'Emmanuel Macron. Sa stratégie "a mené peu à peu à la décomposition des forces de gouvernement du passé, affirme Olivier Rouquan, politologue et chercheur associé au Centre d'études et de recherches en sciences administratives et politiques. LIEN
"Aujourd'hui, Emmanuel Macron a récupéré l’essentiel de l’électorat des partis de gouvernement. [...] On est sur une étape supplémentaire de tripartition du jeu politique alors qu’en 2017 il y avait encore des restes de ce qu’on appelait l’ancien monde. Mais les 5 ans ont été perdus par les partis de gouvernement qui avaient animé le jeu politique entre les années 60-70 et 2010-2020", ajoute Luc Rouban.
Une situation qui n’est pas sans rappeler celle du parti socialiste (PS) qui a perdu son envergure depuis plusieurs années. Leur candidate Anne Hidalgo, n’a récolté que 1,7% des suffrages dimanche soir.
Beaucoup d’élus les Républicains se disent déjà concentrés sur cette échéance comme le député du Vaucluse Julien Aubert. Mais si le parti a un ancrage territorial fort, tout n’est peut-être pas encore gagné sur ce plan là. Pour sauver leurs sièges, certains seront sûrement tentés de s’allier à d’autres formations politiques, soit La République en Marche soit le Rassemblement national.
"La possibilité qu’ils ont c’est de jouer la carte d’une majorité présidentielle avec la République en Marche pour essayer de sauver un certain nombre de circonscriptions, ce qui apporterait aussi à LAREM un certain nombre de notables et d’élus", estime le politologue Luc Rouban. "Sinon l’identité des Républicains est extrêmement brouillée. Ils sont à deux doigts d’exploser parce que vous aurez l’effet de cette torsion entre d’un côté une forme de centre droit pro-européen et macroniste et de l’autre côté une droite radicalisée avec Marine Le Pen.”
Tout l’enjeu de la survie du parti Les Républicains semble donc se trouver dans une ligne directrice commune. "Il faut absolument la trancher et s’y tenir et que les militants comme les élus se sentent en cohérence totale avec cette ligne-là. Il faut aussi redonner confiance à tous les électeurs", espère Alix Aubry, militante des "Jeunes avec Valérie".
Une ligne qui doit se fonder selon la militante sur l’image d’une droite forte sur le régalien, qui puisse répondre aux problèmes liés au pouvoir d’achat et sensible aux défis environnementaux.
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