Que feront les chrétiens dimanche 7 mai? Vont-ils céder aux sirènes de Marine Le Pen? Ou voter sans conviction pour Emmanuel Macron, un candidat qui apparaît pour certains comme beaucoup trop libéral - dans tous les sens du terme? Alors qu'est diffusé ce soir le débat d’entre-deux-tours, sur quatre chaînes de télévision (TF1, France 2, BFM TV et LCP), la tension est palpable sur les réseaux sociaux notamment. Dans cinq jours la France aura élu son président de la République. Une campagne que beaucoup voient avec soulagement arriver à son terme.
"À la question l'Église doit-elle appeler à voter contre le FN, je rappellerais qu’on demande d'abord à un chef d’Etat d'apporter l'apaisement des oppositions qui fragilisent la vie sociale", a écrit Mgr Laurent Ulrich sur le site de son diocèse. À l'instar de la Conférence des évêques de France, l'évêque de Lille ne donne pas de consignes de vote, mais donne des éléments pour discerner.
Si certains croyants s’interrogent sur la présence des valeurs chrétiennes dans les programmes, encore faut-il se mettre d’accord sur ces valeurs. D’autres se demandent si nous avons vraiment besoin d’ un candidat labellisé chrétien. "Il n'y a pas de parti chrétien, précise Isabelle de Gaulmyn, il y a un pluralisme chrétien rappelé par Vatican II et les évêques de France depuis 1970 et ça c'est vraiment important."
La condamnation du vote FN n’est plus unanime. Cette situation est source de désarroi et de tensions au sein des communautés. Beaucoup s’inquiètent déjà des difficulté qu'il y aura à remettre du lien social, une fois que tout cela sera passé. Arnaud Boutheon, le cofondateur du mouvement Sens Commun, note que la campagne a créé "énormément de divisions dans les familles, dans nos groupes relationnels". Le mouvement a déclaré dans un tweet du 26 avril dernier: "Non, Sens Commun n'appelle pas à voter blanc ou à s'abstenir, mais laisse les électeurs libres de voter en conscience."
Faisant le constat que "le vote Front National des protestants ou des catholiques augmente d'élection en élection", selon Brice Deymié, celui-ci soulève la question: "Qu'est-ce que nous faisons pour empêcher que ceux qui croient à l'Évangile se dispersent dans des partis xénophobes qui repoussent l'autre?". Au lendemain de la victoire de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron, la Fédération protestante de France (FPF) avait fait connaître sa position, fermement engagée contre Marine Le Pen.
Du côté des évêques, des responsables religieux ou des membres d'associations d'inspiration chrétienne, un certain nombre de personnalités ont pris la parole, soit pour rappeler des éléments de discernement soit pour prendre position contre l'un ou l'autre des candidats. Dans une interview du 3 mai 2017, Mgr Georges Pontier, le président de la Conférence des évêques de France a déclaré: "Des associations, des mouvements mais aussi des personnalités chrétiennes annoncent leur choix de vote ou indiquent des critères. En s’exprimant ainsi, ils ne représentent pas l’institution en tant que telle. Leur droit à prendre cette parole s’enracine précisément dans le fait qu’ils ne représentent qu’eux-mêmes."
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