Nice
C’était il y a six ans. L’attentat de Nice, le soir du 14 juillet 2016. 86 morts, plus de 450 blessés sur la promenade des Anglais. Des personnes tuées par le terroriste Mohamed Lahouaiej Bouhlel qui a foncé sur la foule avec un camion. Six ans plus tard, le procès s’ouvre ce lundi pour au moins trois mois à Paris. Me Fabien Rajon est l’un des avocats des victimes.
C'est avec "combativité et lucidité" que Fabien Rajon aborde ce procès, qui s'ouvre lundi à 13h30 devant la cour d'assises spéciale de Paris. Combativité d'abord, car l'avocat est "admiratif" du courage et de la dignité des victimes qu'il défend et que leur défense "colle à [ses] convictions". Mais lucidité aussi puisque le terroriste ne sera pas présent dans le box, abattu le soir de l'attentat par la police. "Pour mes clients, c’est une difficulté dans la mesure où ils n’auront pas de rendez-vous de vérité avec cet individu", regrette Me Rajon.
Des victimes qui "ne se plaignent pas", et qui ont pourtant "été face au pire, conscientes que l’humanité peut aller dans le pire", témoigne l'avocat. "On est sur des faits tragiques qui ont la particularité d’avoir frappé beaucoup d’enfants. C’est en famille qu’on s’est rendu sur la promenade des Anglais. On souhaite que la justice passe", poursuit-il.
Pour elles, il y a plusieurs sujets de préoccupation au moment de l'ouverture de ce procès. En premier lieu, "l’épreuve de ce procès qui va s’étaler vraisemblablement sur quatre mois donc un procès long. Il y a la question de leur témoignage. C’est une échéance à laquelle je les prépare. Il y a la question de l’accès à la vérité. Et puis il y aussi des questions liées à la sécurisation de cet événement ainsi que la montée de la menace islamiste", détaille Fabien Rajon.
Une question devrait également prendre de la place durant les prochains mois : celle des conditions d'organisation et de sécurité de la soirée du 14 juillet 2016. "Le procès qui s'ouvre est une opportunité pour réclamer un vrai débat judiciaire sur ces questions. Mais on ne pourra pas évoquer directement ces questions au risque d’être hors sujet", explique l'avocat. La mairie et la préfecture font l'objet d'une autre procédure. "Elle est un peu en stand by et nous souhaitons que le moment venu, d’éventuels responsables aient à répondre devant un tribunal", poursuit-il en se défendant : "On n'est pas du tout dans une logique d’amalgame, on sait faire la part des choses".
Il faudra en revanche passer par l'inévitable question de l'indemnisation des victimes. "Le fonds de garantie constitue un progrès pour les victimes. [...] Malgré tout, force est de constater que le parcours de l’indemnisation des victimes est un vrai parcours du combattant. Vous devez faire la preuve de votre préjudice, ce qui est souvent mal vécu par les victimes. Ensuite, il y a la question du montant alloué aux victimes. Quand on est victime de tels faits, c’est toute la vie qui est chamboulée et donc toute la vie d’après qu’il faut reconstruire", affirme Fabien Rajon.
"Aux côtés des victimes", de Fabien Rajon, publié aux éditions de l'Archipel.
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