Trois personnes en situation de handicap sur quatre estiment que leur handicap a freiné leur évolution professionnelle. C’est le résultat d’une enquête IFOP sur l’égalité des chances en emploi pour les personnes en situation de handicap. Durant les quatre dernières années, le taux de chômage des personnes handicapées a considérablement diminué, passant de 18 % à 12 %. Cependant, il demeure près de deux fois plus élevé que celui de l’ensemble de la population. À l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, Marie-Amélie Le Fur, athlète en handisport, aborde les enjeux liés à l’inclusion professionnelle et sociétale des personnes en situation de handicap.
Cette semaine est l’occasion de sensibiliser l’opinion publique et les personnes en situation de handicap aux opportunités et à la richesse des collaborations existantes.
La 28ᵉ édition de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées est marquée par un contexte particulier lié au grand succès des Jeux paralympiques de Paris. L’objectif de ces jeux, au-delà de favoriser l’accès au sport pour les personnes en situation de handicap, était d’avoir un impact plus global sur la place de ces personnes dans la société, explique Marie-Amélie Le Fur. "Travailler la place des personnes en situation de handicap dans la société, c’est challenger des sujets d’accessibilité. On l’a fait très largement en amont et durant les Jeux." Pour l’athlète handisport, l’enjeu des Paralympiques était de démontrer que dès qu’on est capable d’aménager les règles, les personnes en situation de handicap peuvent performer. Marie-Amélie Le Fur espère que les jeux ont permis d’opérer au sein de la société un changement de regard.
L’école inclusive va être un levier à moyen terme pour une meilleure bienveillance vis-à-vis des collaborateurs en entreprise.
La politique publique est essentielle pour avancer sur le sujet de l’insertion des personnes en situation de handicap dans la société. Pour Marie-Amélie Le Fur, ces politiques doivent être mises en place dès le plus jeune âge. "L’école inclusive va être un levier à moyen terme pour une meilleure bienveillance vis-à-vis des collaborateurs en entreprise." Des enfants issus de la génération de l’école inclusive grandiront sans instaurer, de façon totalement inconsciente, une défiance et une peur de l’autre parce qu’ils ne le connaissent pas, analyse Marie-Amélie Le Fur. "Je pense que pour 80 % de la population, c’est simplement une crainte de quelque chose qu’ils ne connaissent pas et qu’ils ont appréhendée avec une représentation totalement faussée et empreinte de beaucoup de préjugés."
L’un des premiers freins à l’employabilité des personnes en situation de handicap est la peur, rappelle l’athlète paralympique. "La peur des personnes en situation de handicap d’être stigmatisées et d’être freinées dans l’évolution de leur carrière, ainsi que la crainte des managers de ne pas savoir accompagner." Le périmètre du handicap est par ailleurs très vaste : inné, acquis, moteur, sensoriel, mental… et peut être vécu de façons très différentes selon les personnes, souligne Marie-Amélie Le Fur.
La peur des personnes en situation de handicap d’être stigmatisées et d’être freinées dans l’évolution de leur carrière, ainsi que la crainte des managers de ne pas savoir accompagner.
L’objectif prioritaire est de sensibiliser à la diversité des handicaps, avec plus de 80 % des handicaps qui sont invisibles. L’athlète paralympique met en avant l’importance de la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH). "L’impact du handicap va se ressentir de façon incomprise par le manager et par les collaborateurs qui vont juger une personne sans avoir les bonnes clés de lecture." La RQTH permet de donner des clés de lecture aux personnes entourant la personne en situation de handicap, d’adopter la bonne posture pour accompagner avec bienveillance, sans amoindrir l’exigence, explique Marie-Amélie Le Fur.
Tous les secteurs ont la capacité d’employer des personnes en situation de handicap, rappelle Marie-Amélie Le Fur. La seule condition est de faire dès le plus jeune âge découvrir aux personnes en situation de handicap les possibilités de métiers et de formations qui s’ouvrent à elles. "Certaines entreprises, très tournées vers le recrutement des personnes en situation de handicap, sont confrontées à une difficulté de recruter sur les compétences." Seuls 43 % des personnes en situation de handicap poursuivent leurs études au-delà du bac. L’athlète paralympique dénonce une forme d’auto-censure des personnes en situation de handicap qui se disent que les études ne sont pas faites pour elles. "Il faut que dès le plus jeune âge, collectivement, on déconstruise ces préjugés et ces stéréotypes."
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