Le convivialisme serait-il une forme d’humanisme ?
Oui, si l’humanisme c’est penser et agir en cohérence avec l’humanité comme valeur des valeurs, celle qui indique ce qu’il y a au-delà de toute valeur. L’humanisme plonge ses racines dans l’Antiquité, dans la Bible tout particulièrement, et il s’est déployé dans la modernité jusqu’à aujourd’hui, non sans difficulté. Il pourrait même être en panne aujourd’hui
Au demeurant, l’humanisme s’inscrit dans l’histoire des idées et des sciences qui permet de considérer l’humanité comme un seul homme « dont Pascal disait que « sans cesse il apprend et se souvient » ; l’humanisme prend ainsi des traits spécifiques à chaque époque.
Alors qu’est-ce qui caractérise le convivialisme ?
Le convivialisme pourrait en être une des expressions contemporaines, selon les cinq principes qu’il avance : l’interdépendance de tous les êtres vivants, notamment les humains avec la Nature; le respect de l’humanité dans la diversité de chacun de ses membres; la plus grande richesse est celle qu’entretiennent les humains dans leurs relations entre eux ; la politique légitime qui permet le développement des capacités, de la puissance d’être et d’agir de la personne humaine sans nuire à celles des autres, dans la perspective d’une égale liberté.
A travers ses fondamentaux, le convivialisme se fait aussi l’écho de grandes sagesses multiséculaires ou de traditions religieuses : « quiconque tue une personne est comme s’il avait tué toute l’humanité et que quiconque en sauve une est comme s’il avait sauvé l’humanité entière » comme l’affirme la Déclaration sur La fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune.
Contre le désir de toute puissance qui alimente le repli sur soi des individus et des sociétés, le convivialisme serait un alterhumanisme qui cherche des propositions concrètes pour lutter contre l’hubris, l’excès d’une hypermodernité débridée. Le convivialisme interroge la manière d’ « inciter les individus à coopérer pour se développer et donner le meilleur d’eux-mêmes tout en leur permettant, comme l’écrivait Mauss, de « s’opposer sans se massacrer et de se donner sans se sacrifier », autrement dit, de choisir ensemble la vie. Un tel combat, c’est aussi celui de l’écologie humaniste.
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