De l’Australie, au Japon en passant par la Belgique, l’Allemagne ou désormais la France, chaque semaine voit des milliers de jeunes étudiants et lycéens descendre dans la rue pour alerter sur l’urgence climatique et dénoncer l’inaction des politiques. Et vue la météo de ces derniers jours, le slogan "15 degrés, c'est trop pour février" était de circonstance vendredi dernier à Paris pour cette seconde journée de mobilisation des jeunes en faveur du climat. Ils étaient plusieurs milliers à se réunir place de la République. Ils se mobilisent un peu en retard par rapport à leurs homologues européens. A Bruxelles par exemple, cela fait déjà plusieurs semaines que ce type de journée est organisé.
Et derrière cette mobilisation désormais mondiale, il y a une jeune fille de 16 ans, Greta Thunberg. Elle est devenue en quelques mois une icône de la défense du climat. Autiste asperger, elle est d’une incroyable maturité. L’histoire démarre en août dernier. Elle décide de sécher les cours un jour par semaine pour manifester devant le Parlement suédois. Avec une pancarte : "Grève de l'école pour le climat". Avec la volonté farouche de mobiliser sur l’urgence climatique.
Après plusieurs semaines à manifester seule, d’autres jeunes la rejoignent ainsi que des adultes. Le 14 décembre dernier, elle est invitée à la COP 24 en Pologne. Elle s’exprime sans complexe devant les responsables politiques et économiques du monde entier. "Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout et pourtant vous volez leur futur devant leurs yeux” lance t-elle. Jeudi dernier à Bruxelles devant la Commission européenne elle récidive et épingle les dirigeants mondiaux.
La semaine dernière, d'après un calcul du journal britannique The Guardian, plus de 70 000 élèves dans 270 villes du monde lui ont emboîté le pas, et participent désormais aux "Fridays for Future". Si Greta Thunberg est la plus médiatisée, elle n’est pourtant pas la seule militante du genre. On pourrait aussi évoquer le cas de Jayden Foytlin, âgée de 15 ans, et qui en 2015 a attaqué en justice l’administration américaine avec vingt autres jeunes. Accompagnés par une ONG, ils poursuivent Washington pour avoir enfreint leurs droits constitutionnels en aggravant le dérèglement du climat. Le procès, qui devait s’ouvrir le 29 octobre, est pour l’heure bloqué par le gouvernement. En France aussi, de très jeunes se mobilisent. A Metz, Victor Noël, 15 ans, a lancé l’idée d’une journée d’action pour la biodiversité le 9 mars prochain.
Cette action de la jeunesse en faveur du climat intéresse particulièrement les sociologues. Michel Fize, ancien directeur de recherche au CNRS ,s'étonnait de ne pas trouver beaucoup de jeunes parmis les Gilets jaunes. Pour lui, la jeune génération a plus de facilité à s’approprier une question climatique qui va la toucher directement. Mais il y a aussi un besoin d’être reconnu par les adultes.
Autre point développé par Michel Fize: cette nouvelle génération n’est peut être pas si portée vers individualisme, bien au contraire.
La génération montante veut donner la leçon à la précédente sur les questions climatique et environnementale. Chaque vendredi elle propose au gouvernement un thème précis, des devoirs pour le climat et attend des réponses qui à ses yeux sont insuffisantes.
Il y a la mobilisation des jeunes pour le climat mais aussi la pétition l’Affaire du siècle avec deux millions de signatures. L'illustration d'une vraie prise de conscience pour les différentes associations de défense de la planète. Mais une prise de conscience des citoyens, pas des politiques.
En attendant, le grand rendez-vous est fixé au 15 mars. Ce jour-là, une grève internationale étudiante et scolaire pour le climat est prévue. On verra alors si ce mouvement a la possibilité d’avoir un poids suffisant pour faire infléchir les politiques. Il ne faut pas oublier non plus que ces adolescents voteront dans quelques années et pour d’autres ont déjà le droit de vote.
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