Depuis la renonciation de Benoît XVI qui a surpris tout le monde le 11 février 2013, les rumeurs de démission du pape François sont persistantes. Le souverain pontifie a toujours admis qu'en cas de santé défaillante il pourrait se retirer. Or, ces derniers mois, on l'a vu se déplacer de plus en plus en fauteuil roulant... Mais il n'y a pas que la santé du pape qui est au centre de toutes les attentions.
Les observateurs prennent la question très au sérieux, et ce depuis le mois de mai, donnant aux rumeurs une certaine épaisseur. Car oui, ce ne sont que des rumeurs, mais elles sont omniprésentes au Vatican. Surtout depuis l'annonce, en mai dernier, du report de son voyage au Liban prévu en juin. Il y a eu aussi l'annonce, le 12 juin, du report de son voyage prévu début juillet en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan-du-Sud. Deux déplacements reportés pour des raisons de santé.
Les rumeurs avaient été alimentées dès le mois de juillet 2021 quand le souverain pontife a été opéré du côlon sous anesthésie générale à l’âge de 84 ans. La santé du pape est scrutée par les observateurs. Ses douleurs au genou l'obligent à se déplacer en fauteuil roulant de plus en plus fréquemment. Ce fut le cas lors de son récent voyage de six jours au Canada, du 24 au 30 juillet.
Il n’y a pas que la santé du pape qui alimente les suppositions. Ce samedi 27 août doit se tenir le huitième consistoire ordinaire convoqué par le pape François. Une date inhabituelle selon La Civiltà Cattolica. François pourrait-il annoncer sa démission devant tous les cardinaux réunis ? Impossible dans un tel contexte, selon les vaticanistes. À la suite de cette assemblée de cardinaux, le Sacré Collège comptera 16 nouveaux cardinaux électeurs (des cardinaux âgés de moins de 80 ans, qui pourront donc élire le prochain pape). Au total, le collège des cardinaux comptera 132 cardinaux électeurs : les deux-tiers d’entre eux auront été choisis par le pape François. Une façon de préparer sa suite ?
Cela faisait longtemps que le Collège des cardinaux ne s'était pas réuni. À la suite du consistoire, le 29 et 30 août, il est prévu qu'ils puissent échanger et "réfléchir" à la nouvelle constitution apostolique Praedicate Evangelium. Un texte de 250 articles qui réorganise la Curie et les services du Vatican. Attendu depuis plusieurs années, il a été signé en mars dernier par le souverain pontife. La gouvernance de l'Église est l'un des chantiers phares du pape François.
Les observateurs ne s'attendaient pas à une telle décision : juste après le consistoire, le dimanche 28 août, le pape François ira dans les Abruzzes prier sur la tombe de Célestin V. Ce pape du XIIIe siècle est le premier souverain pontife à avoir renoncé à sa charge, en 1294. En 2009, quatre ans après son élection, Benoît XVI avait eu un geste symbolique à son égard. Dans la basilique Sainte-Marie de Collemaggio, à L’Aquila, il avait déposé son pallium - une grande écharpe de laine remise lors de son élection - auprès des reliques de Célestin V. En 2013, après huit années de pontificat, Benoît XVI remettait sa charge. Il avait alors 85 ans : l’âge du pape François (il aura 86 ans le 17 décembre prochain). Que de symboles ! Mais tout cela n'est que "coïncidence", a dit le pape François le 12 juillet dernier.
En juillet dernier, dans un entretien accordé à l'agence Reuters, le pape affirmait qu’il ne renoncerait pas, assurant que cela ne lui avait "jamais effleuré l’esprit". Il avait toutefois précisé qu’une démission était possible en cas de sa santé défaillante. Ce qu'il a redit le 29 juillet dernier, dans l’avion qui le conduisait à Rome, à la fin de son voyage au Canada. "Je crois qu’à mon âge, et avec ces limites, je dois m’économiser un peu pour pouvoir servir l’Église ou au contraire, penser à la possibilité de me mettre de côté", a dit le pape François. Son voyage au Kazakhstan du 13 au 15 septembre pour le VIIe congrès des dirigeants de religions mondiales et traditionnelles est pour le moment maintenu.
Pour le pape, démissionner n’est pas dans son intention, même s'il y a pensé. Personne ne peut dire ce qu'il a en tête et si les rumeurs vont bon train, elles ne sont pas fondées. François a certes affirmé que sa démission "ne serait pas une catastrophe" et que l’on peut bien "changer de pape", reste qu'un chantier lui tient à cœur. On l’imagine mal abandonner le synode sur la synodalité entamé en octobre 2021. Il doit s’achever par une grande assemblée des évêques à Rome à l’automne 2023.
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