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Que va changer le rachat de Twitter par Elon Musk ?

Un article rédigé par Clara Gabillet - RCF, le 29 avril 2022 - Modifié le 29 avril 2022
Le dossier de la rédactionQue va changer le rachat de Twitter par Elon Musk ?

L'homme le plus riche du monde s'est offert Twitter. Elon Musk, patron de Tesla et de SpaceX, a acheté lundi le réseau social pour environ 44 milliards de dollars (43 milliards d'euros). Il souhaite rendre le réseau social "meilleur que jamais en améliorant le produit avec de nouvelles fonctionnalités", et surtout assouplir la politique de modération. Des changements qui peuvent susciter de l’inquiétude.

Logo de l'application Twitter. ©UnsplashLogo de l'application Twitter. ©Unsplash

44 milliards de dollars, c'est la somme déboursée par Elon Musk, l'homme le plus riche de la planète, pour acheter le réseau social Twitter. Le milliardaire avait acheté ses premières part dans l’entreprise il y a trois semaines. Il en a finalement pris le contrôle lundi. Certaines de ses déclarations passées donnent déjà une idée de ce à quoi pourrait bientôt ressembler le réseau social. Twitter "ne prospérera pas ni ne remplira sa mission sociétale dans sa forme actuelle", selon lui. Elon Musk, qui est à la tête de Tesla et de Space X, entend faire de Twitter un espace où la liberté d’expression est reine, qui a ses yeux "est le fondement d'une démocratie qui fonctionne, et Twitter est la place publique numérique où sont débattues les questions vitales pour l'avenir de l'Humanité".

 

Bientôt un Twitter sans modération ?

 

Présenté comme un libertarien, très provocateur sur son propre compte Twitter suivi par 87 millions de personnes, le nouveau propriétaire pourrait donc assouplir considérablement la modération et donc l’interdiction de publier certains propos. C’est ce qui fait craindre que le réseau permette de tout écrire, même le pire. Toutefois, ce scénario semble peu probable aux yeux de Nicolas Vanbremeersch. Elon Musk "a envie de rétablir l'idée de liberté d'expression mais selon lui il faut aussi qu'il y ait de la qualité dans l'argumentation. Il milite pour des comptes certifiés, il veut lutter contre les robots. Il n'a pas pour objectif de faire de Twitter un endroit totalement libertarien comme on le caricature", estime le président du groupe de réflexion Renaissance numérique.

 

Cet achat intervient d'ailleurs quelques jours après l'accord trouvé autour du Digital Services Act (DSA) entre les institutions européennes, texte visant à mieux réprimer les contenus illégaux postés sur les plateformes numériques. Twitter, Facebook et Instagram, entre autres, seront obligées de supprimer les contenus illégaux et faire preuve de transparence sur les contenus qu’elles utilisent. Elon Musk ne pourra donc pas le contourner. "Il est soumis à cette réglementation. Il va pas couper Twitter en Europe et il va devoir y répondre", affirme Gilles Babinet, co-président du Conseil national du numérique et "digital champion" pour la France auprès de la Commission européenne.

 

Elon Musk devra choisir entre le business et la régulation

 

Twitter sans modération semble d’autant moins probable qu’Elon Musk a des intérêts commerciaux à préserver. "Elon Musk n'est pas autonome. Il vend des Tesla en Chine. Qu'est-ce qu'il va se passer si la Chine fait observer qu'il y a beaucoup de contenus pro-Tibet sur Twitter, sous entendant que ce serait meilleur pour le business de Tesla que ces contenus disparaissent ? Cela va mettre à l'épreuve très rapidement Elon Musk. Il va se retrouver en situation de conflit d'intérêts très rapidement et devra choisir entre le business et la régulation", souligne Gilles Babinet. 

 

Le milliardaire veut également apporter de nouvelles fonctionnalités au réseau social, comme la modification d’un tweet déjà publié, impossible aujourd’hui. Il s'oppose aussi au bannissement d'utilisateurs, laissant présager un retour de Donald Trump sur le réseau social. L'ancien président américain, qui en avait été exclu après l’assaut du Capitole en janvier 2021, a affirmé ne pas vouloir revenir sur Twitter mais rester sur le réseau qu’il a créé Truth social.

 

Un algorithme public

 

Une autre petite révolution : Elon Musk veut rendre public l'algorithme du réseau social. Aujourd’hui sur Twitter comme sur d’autres réseaux sociaux, certains contenus apparaissent dans le fil d’actualité en fonction de ce que l'on a aimé ou suivi par le passé. Mais ce fonctionnement reste très opaque. Le nouveau propriétaire de Twitter veut ainsi le passer en open source. "Il y a dans l'esprit de l'open source, des logiciels transparents où chacun peut collaborer, une idée qui semble être une bonne résolution. Que chacun puisse auditer, comprendre et agir sur la fabrication de l'algorithme qui régit comment un tweet est visible ou modéré, me semble assez essentiel", assure Nicolas Vanbremeersch. 

 

"Pour l'utilisateur lambda, cela ne va pas changer grand chose, poursuit le spécialiste. En revanche, pour tous les contre-pouvoirs, les ONG, les acteurs économiques, médiatiques, de pouvoir auditer la manière dont les choses émergent, les critiquer pour pouvoir fabriquer leur amélioration c'est assez essentiel."

 

Une entreprise sortie de la Bourse

 

Tout cela pourrait être rendu possible grâce à une sortie de la bourse de Twitter. Un virage qui permettra à Elon Musk d’avoir "une marge de manœuvre bien plus grande pour Twitter et son évolution, la possibilité de ne pas avoir à rendre des comptes. S'il n'y a plus qu'un seul actionnaire, elle n'est pas obligée de faire des bénéfices", selon Fabrice Epelboin, enseignant et spécialiste des réseaux sociaux.

 

Reste à savoir ce que deviendra officiellement Twitter. Beaucoup s’inquiètent du projet politique que peut porter Elon Musk. Comme devenir propriétaire d’un média, acquérir un réseau social n’est pas forcément rentable mais permet d’accroitre son influence. 
 

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