L'arrivée de l'été nous donne envie de grandes tablées conviviales et de plats aux saveurs fraîches et saines ! C’est bon pour notre corps à l’évidence mais qu’en est-il pour notre santé mentale ? Anne-Gaël Guiol de la Fondation Falret nous donne quelques précisions.
Les liens entre la nutrition et la santé mentale semblent moins évidents, moins directs que ses liens avec la santé physique. Pour autant, de plus en plus d’études montrent que ce qu’il y a dans notre assiette a un impact sur notre santé mentale.
On se rend compte que l’intestin est un peu notre deuxième cerveau, qu’ils sont en communication étroite entre eux et que la sérotonine, ce neurotransmetteur impliqué notamment dans les états d’humeur et l’anxiété, se retrouve à la fois au niveau cérébral et digestif.
Pour prendre soin de sa santé mentale, il faudrait donc veiller à une alimentation équilibrée et sans carences. Des études montrent que certaines carences produisent un effet stressant sur l’organisme avec des répercussions néfastes sur l’humeur et les fonctions cognitives. Les nutriments tels que le fer, les oméga-3 ou les folates ont un effet important sur notre cerveau. Il y a un intérêt à manger sainement, à tout âge, pour prévenir les risques de déséquilibre de notre microbiote intestinal et les altérations de notre santé mentale.
L’alimentation pourrait être à la fois la cause et le remède aux problèmes de santé mentale. Il n’y a pas de réponse catégorique. Cependant, l’alimentation fait partie des facteurs d’influence de notre santé mentale et elle favorise notre résilience face aux troubles psychiques. Par exemple, des études montrent que le régime méditerranéen amenuise les risques de dépression. C’est d’ailleurs cette alimentation qui est à l’origine d’une espérance de vie plus longue. A contrario, une alimentation riche en acides gras et pauvre en fruits et légumes est associée à un sur-risque de dépression. Tout comme une consommation fréquente d’aliments frits.
La plupart des aliments sont transformés puisque nous les cuisinons. En fait, ce sont donc les aliments ultra-transformés issus de l’industrie alimentaire qui sont néfastes. On parle des plats prêts à l’emploi, des nuggets de poulet, des cordons bleus, des biscuits et barres chocolatées. Ceux-là ont subi plusieurs procédés de transformation, ils sont bourrés d’additifs sans compter les ajouts de sucres et de sel. Des études avaient déjà établi des liens avec les cancers et les maladies métaboliques comme l’obésité et le diabète. Une nouvelle étude récente atteste d’un lien avec la récurrence de symptômes dépressifs. Les personnes pour qui les aliments ultra transformés représentent un tiers de leurs apports totaux ont 30 % de risque supplémentaire de présenter des épisodes de symptômes dépressifs récurrents.
Donc, on essaie de cuisiner et on évite autant qu’on le peut les préparations alimentaires emballées, qui entre nous, ont vu leurs prix s’envoler. Ces préparations sont en plus onéreuses. La situation actuelle est difficile pour beaucoup de Français : 51 % avouent sauter régulièrement ou occasionnellement des repas. Une enquête Ifop sur les effets de l’inflation démontre que la dégradation de notre pouvoir d’achat a des conséquences très inquiétantes sur le corps et la santé. Les situations de précarité sont en augmentation et elles fragilisent profondément les personnes qui connaissent des troubles anxio-dépressifs avec une multiplication par trois des risques de suicide. Précarité et sous-alimentation ne sont pas seulement un enjeu économique et social mais aussi un enjeu de santé publique avec des répercussions importantes sur notre santé mentale et physique.
Ressources :
- Manger bouger, site du Programme national nutrition santé
- Aliments ultra-transformés, leur surconsommation semble associée à des troubles de la santé mentale
- Étude IFOP
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