À peine de retour à la Maison Blanche, Donald Trump a de nouveau pris la décision de quitter l'accord de Paris. Une décision qui peut étonner. Alors que la Californie se remet à peine d'incendies gigantesques, le 47ème président des Etats-Unis fait fi des alertes des climatologues. Des alertes redites par Elise Naccarato, experte chez OXFAM France, au micro de RCF et Radio Notre-Dame.
Dès son arrivée au pouvoir, Donald Trump a signé une série de décrets, dont le retrait des États Unis de l’accord de Paris, reratifié sous la présidence Biden en 2021. Le pays s’était déjà retiré en 2015 sous la première présidence de Trump. Elon Musk avait alors tweeté que c’était une “mauvaise idée pour l’Amérique et pour le monde”. Depuis son rapprochement avec le pouvoir en place, son positionnement est contraire, ce qui suscite de nombreuses interrogations. Eclaircies avec Élise Naccarato, responsable de campagne climat chez Oxfam France.
Elise Naccarato affirme que le retrait des États-Unis de l'accord de Paris est une mesure dans la continuité de la politique de Donald Trump. Depuis son arrivée au pouvoir, le président américain a montré une certaine défiance pour toute forme d'engagement écologique. Son retrait de l'accord de Paris en est un signe. Le document engage les signataires à réduire leur émission de gaz à effet de serre (GES), responsables du réchauffement climatique. Pour Élise Naccarato, “il s’agit davantage d’une feuille de route que d’engagements concrets” , une feuille de route qui ne convient pas au milliardaire.
Le 47e président des États-Unis avait bénéficié pour sa campagne d’un soutien de 229 millions de dollars venant des entreprises d’énergies fossiles. Sa politique dans le domaine du climat se résume par sa fameuse formule “Drill, baby drill !” Dans cette optique, il a supprimé les éoliennes off shore, et a favorisé la multiplication des puits de pétrole. Les incendies à Los Angeles, causés en partie par le réchauffement climatique, ne pèsent pas lourd dans le calcul. La responsable de campagne climat pointe une “dystopie dans laquelle le président détourne le regard des problèmes.”
Ça traduit une instrumentalisation de l’écologie par les réactionnaires.
Avec la décision de Donald Trump, la polarisation entre pays du Nord polluants et pays du Sud est de plus en plus marquée. Selon Élise Naccarato, les COP, réunions internationales annuelles, sont un bon moyen pour l’Europe de rompre ce schéma. “Dans le jeu géopolitique international ça peut être intéressant pour l’Union européenne de se positionner comme leader sur ces questions.”
La position des États-Unis intéresse certains pays, dont la Chine. Elle voit dans ce retrait une opportunité pour prendre de l’importance. Le pays se transforme à grande vitesse, des infrastructures en accord avec la transition énergétique sont installées.
Les religions sont concernées par ces questions. Le catholicisme ne fait pas exception, comme en témoigne l’encyclique du Pape François Laudato si sur l’écologie. Pour Élise Naccarato, la vocation de l’Église est de porter secours aux plus vulnérables par la création d’un nouveau système. “On voit quand même qu’il y a un mouvement de sursaut citoyen pour la protection des plus vulnérables.” Pour elle, “ce dont on a besoin aujourd’hui ce sont de directions politiques claires.” L’État prend des décisions qui vont parfois à l’encontre des engagements pris lors des traités internationaux. C’est le cas pour les voitures thermiques, soumises à des normes changeantes, qui favorisent un désengagement des investisseurs.
On constate depuis trois ans des aller-retour, des politiques de stop and go. C’est une catastrophe au niveau politique et industriel. Il faut s'organiser pour la transformation.
Pour la responsable de campagne climat, il ne faut pas attendre que survienne le pic au niveau des émissions de gaz à effets de serre. La question est prise à l’envers : il faut agir en anticipation, pour éviter le pic. “Il faut anticiper et organiser et non pas subir”.
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