Maroc
Le président de la République se rend trois jours au Maroc, où il rencontrera le roi Mohammed VI. C’est un grand pas pour la réconciliation entre les deux pays après une longue période de relations glaciales. Pour autant le déplacement présidentiel est beaucoup plus qu’une simple visite de courtoisie. Kader Abderrahim, chercheur à Sciences Po, apporte des éclairages.
Les relations entre la France et le Maroc se réchauffent. Le roi du Maroc, Mohammed VI, a invité le président français à venir en visite d’État. Cela fait suite à la décision d’Emmanuel Macron que la France soutienne le plan marocain de reprise de contrôle du Sahara occidental, une zone de tension en Afrique du Nord. Toutefois si Macron donne d’une main, il espère bien prendre de l’autre. La visite d’État a aussi pour but de solidifier la position de la France sur plusieurs domaines.
Kader Abderrahim, chercheur et expert de l’Afrique du Nord, voit dans le déplacement présidentiel une volonté d’Emmanuel Macron de nouer des partenariats économiques avec le Maroc. Il en veut pour preuve “la délégation très importante d’entreprises et d’hommes d’affaires qui accompagne le président de la République”. 38 entreprises françaises du CAC 40 se sont récemment installées au Maroc et assurer la réussite de cette implantation est crucial pour la balance commerciale française.
La coupe du monde de football en 2030 sera un moment phare et les entreprises françaises voudraient être présentes.
L’enjeu est d’autant plus important que le Maroc, avec l’Espagne et le Portugal, va accueillir la Coupe du monde de football en 2030. “Ce sera un moment phare et il y a là un enjeu économique puisque les entreprises françaises voudraient être présentes”. Emmanuel Macron reproduit donc ce qu’il a fait avec la Chine. Il profite de visites d’État pour mettre sur le devant de la scène les entreprises françaises. A l’issue de la dernière visite de Xi Jinping en France, l'entreprise Orano, spécialisée dans le nucléaire, avait par exemple acquis des parts de marché en Chine.
Alors que le sommet de la francophonie a eu lieu il y a peu, le déplacement d’Emmanuel Macron est aussi l’occasion de mettre en pratique la francophonie. Le Maroc est le 4ème pays francophone au monde avec 13,5 millions de locuteurs, de quoi rapprocher les deux États. Kader Abderrahim pense même que “la France pourrait soutenir la candidature du Maroc pour son entrée au Conseil de Sécurité de l’ONU”, ce qui accorderait au Pays du Couchant un avantage non négligeable vis-à-vis des autres pays du Maghreb et renforcerait la position géopolitique francophone.
La France pourrait soutenir la candidature du Maroc pour son entrée au Conseil de Sécurité.
Pour autant rien n’est fait. En tendant la main au Maroc, Emmanuel Macron risque de se mettre à dos l’Algérie, elle aussi un pays francophone. Déjà en soutenant la politique du Maroc dans le Sahara, la France a courroucé les Algériens, mais ce rapprochement risque d’attiser les tensions. Kader Abderrahim rappelle tout de même que “les tensions avec l’Algérie sont chroniques”. La situation au Maghreb est donc encore incertaine “pour l’instant la France et les français sont privilégiés, mais c’est une tendance en train d’évoluer”.
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