Marseille
C'est une communauté religieuse très secrète, installée dans les XIe, XIIe et XXe arrondissements de Paris : La Famille. Ils sont environ 4.000 membres, ne se marient qu'entre eux, et vivent dans la crainte du monde extérieur. Son existence a été révélée par un article du Parisien en 2020, mais ses dérives sectaires inquiètent la Miviludes. Pour en parler, Clara Gabillet reçoit le journaliste Étienne Jacob, auteur de "Enquête sur La Famille, une mystérieuse communauté religieuse" (éd. du Rocher).
La Famille est une communauté religieuse qui existe depuis plus de 100 ans. Mais si on ne l’a découverte qu’en 2020 c’est que "vivre dans le secret" est "dans son ADN", décrit Étienne Jacob. Leurs ancêtres sont les jansénistes, des adeptes de cette doctrine religieuse du XVIIe siècle, selon laquelle seule la grâce divine sauve les âmes des pécheurs.
Mais La Famille repose sur "un millefeuille idéologique" et un système de croyances dont certaines ont été inventées par ses membres. Ainsi, les membres de La Famille attendent le retour de leur messie, Élie Bonjour, fils d’un curé convulsionnaire, d’une branche dissidente du jansénisme. Ils croient aussi à la prochaine fin du monde, et les événements de l’actualité comme la pandémie de Covid-19, sont autant d’indices de la fin des temps.
La Famille est suspectée de dérives sectaires par la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Ses membres vivent dans la peur du monde extérieur, même s'ils sont installés en plein cœur de Paris. "Je pense que ce qui les inquiète c’est finalement cette liberté, parce que eux ils ont toujours vécu selon des règles bien définies." Si les règles émises par un de leur ancêtre Augustin Thibout, surnommé l’Oncle Auguste, comme ne pas danser ou ne pas porter de pantalon pour les femmes, ne sont pas forcément suivies, elles "les ont mis dans un état d’esprit général où l’extérieur c’est le Diable".
La Famille cultive une méfiance envers la médecine. Or, ses membres ne se marient entre eux. (Sur 4.000 membres, il n’y a que huit patronymes : Déchelette, Thibout, Havet, Sandoz, Fert, Pulin, Maitre et Sanglier.) Ce qui crée de réels problèmes de consanguinité. Certains, par exemple, sont atteints du syndrome de Bloom, une maladie rare qui n’est pas diagnostiquée : l’institut Curie, "le seul à travailler dessus en France, ne savait pas qu’il y avait des personnes atteintes dans cette communauté", a pu constater Étienne Jacob.
Une "indéniable solidarité" lie les membres de La Famille. Si bien qu'on "pourrait les envier", admet le journaliste. Il a remarqué que, dans cette communauté, "les personnes âgées sont aidées jusqu’au bout", que ceux qui sont quittés par leur conjoint sont aidés grâce à un pot commun, et que finalement grâce à l'entraide, "ces gens ne manquent de rien"... De quoi séduire les personnes attachées aux valeurs de la famille…
Toutefois, dans cette micro société "très machiste", on il n'est pas rare de trouver des familles de 10 enfants et plus, le rôle de la femme est le même qu’il y a 70 ans. On a rapporté à Étienne Jacob des cas d’abus sexuels, des faits qui "ne sont pas institutionnalisés mais qui posent question sur l’omerta au sujet des méfaits qui peuvent se produire".
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