C’est un mot ancien et peu connu, pourtant l’acédie peut toucher l’ensemble des croyants, chrétiens ou non. Et s’il peut survenir à chaque instant de la vie, cet état spirituel est très susceptible d’apparaître au moment du Carême. Le thème de l’acédie est justement au cœur de la pièce de théâtre Akedia, écrite par le frère dominicain Adrien Candiard.
À l’origine, le terme d’acédie est attribué aux Pères du désert, c’est-à-dire les moins chrétiens du premier siècle qui ont vécu dans les déserts du Porche et Moyen-Orient. Des moines confrontés à la solitude et au doute spirituel. La désolation spirituelle, c’est justement la définition de l’acédie : ''c'est la perte de motivation, ou le désespoir pour le dire de manière un peu plus tragique'', explique le frère Adrien Candiard.
Chrétiens ou non, nous pouvons tous ''se retrouver face à un désert, face à un découragement, un abattement'', commente le frère dominicain. D’ailleurs, ce découragement peut faire partie du chemin du Carême, selon lui. Malgré la bonne volonté des débuts, des difficultés peuvent vite apparaître tout au long des quarante jours, et c’est justement à ce moment-là que le découragement peut arriver.
On ne grandit pas sans crise, c'est une expérience humaine
Pour le croyant, cette perte de sens peut vite être perçu comme troublante et décourageante. Pourtant, elle est une étape essentielle de la vie spirituelle. ''C’est normal, la vie spirituelle elle a ses temps forts et ses temps faibles, et les deux sont importants'', assure Adrien Candiard.. Aussi inconfortable soit-il, il ne faut pas fuir cette acédie. ''On ne grandit pas sans crise, c’est une expérience humaine'', insiste-t-il, appelant à s’en remettre au Seigneur, qui sait où nous devons passer.
Dans sa pièce de théâtre Akedia, jouée tout l’été 2023 et publié récemment aux éditions Cerf, le frère Adrien Candiard met en scène la discussion entre le diable et un moine du désert. Le premier, très bavard, pousse le deuxième au désespoir. Dans cette discussion à bâtons rompus, les bavardages incessants du diable apparaissent en opposition total avec le silence de Dieu. C’est pour cette raison qu’il faut ''écouter le silence. Même si c’est long et compliqué, c’est nécessaire'', explique le religieux.
Mais sous ses airs apaisants, le silence peut aussi se révéler angoissant. ''Le silence a quelque chose d'éprouvant parce qu'il nous met face à nous-même, face à nos contradictions'', admet Adrien Candiard. Mais le silence n’est pas une épreuve qu’il faut fuir pour autant, au contraire : ''il faut l’affronter, ne pas le craindre et aimer Dieu au-delà de son propre silence''. Tout est une question de confiance donc, d’autant plus pendant le temps du Carême.
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