Ce samedi 15 janvier, une équipe l'Agence France-Presse a été menacée et agressée lors d'une manifestation contre le passe vaccinal à Paris. Pour Jean-Baptiste Rivoire, cette violence à l'égard des journalistes est directement liée au "monopole" de la presse par les grands patrons. Le journaliste d'investigation parle de "confiscation de l'information par cinq milliardaires en France". Une situation qui ne peut générer selon lui que de la violence.
Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Arnaud Lagardère, Xavier Niel... Les grands actionnaires et dirigeants des principaux médias en France sont auditionnés depuis le 10 janvier au Sénat, par la commission d'enquête sur la concentration des médias. Hasard du calendrier, le livre de Jean-Baptiste Rivoire, "L'Élysée (et les oligarques) contre l'info" (éd. Les Liens qui libèrent), vient de paraître. C'est le fruit de trois années d'enquête.
90 à 95% de la presse française détenue par des grands patrons. Des hommes qui, à l'origine ne s'intéresse pas particulièrement à la presse, pour Jean-Baptiste Rivoire. "Ce sont des industriels de tout un tas d’autres secteurs - la téléphonie, le bâtiment... - qui ont mis la main sur un certain nombre de grandes marques d’information françaises pour maximiser leur influence, avoir accès aux politiques, voire conditionner l'opinion... et souvent parfois instrumentaliser plus ou moins ces grands médias."
Avancé comme "une enquête explosive" dans "les coulisses du pouvoir", le livre de Jean-Baptiste Rivoire évoque "les intrigues" de présidents de la République - Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron - avec des "oligarques". Parmi les noms qui reviennent citons Arnaud Lagardère, Vincent Bolloré ou Xavier Niel. Si ce dernier "est beaucoup moins interventionniste au Monde ou à Télérama qu'un Vincent Bolloré, par exemple, dans le groupe Canal", pour le journaliste "ça pose vraiment un problème de système".
"En principe, la presse c'est un peu le pouls de la société", rappelle le journaliste fondateur de Off Investigation. "Quand des gens, dont ça n’est pas le but, mettent la main sur ces grands médias, pour des raisons politiques finalement, ils vont commencer par vider les rédactions, édulcorer un peu la réalité et au bout d'un moment la presse ne raconte plus ce qui se passe dans le pays." Jean-Baptiste Rivoire rappelle le bras de fer qui a opposé en 2016 des journalistes d'iTélé (aujourd'hui CNews) à leur direction pour obtenir des garanties d'indépendance éditoriale. Une grève menée après le rachat du groupe Canal + par Vincent Bolloré. La charte de déontologie qu'ils réclamaient "leur a été refusée", ajoute Jean-Baptiste Rivoire.
Menaces, intimidations... L'auteur de "L'Élysée (et les oligarques) contre l'info" parle aussi de "tentatives de bâillonner l’information". Il évoque un système où le secret des sources est mis à mal et où l'indépendance de la presse et la liberté d’expression sont menacées.
Ce système de confiscation de l'information par cinq milliardaires en France décuple la violence dans la société donc c'est très grave
"Au fond l'éthique, la déontologie, n'est plus beaucoup respectée dans certains médias", regrette Jean-Baptiste Rivoire. Et cela génère de la violence. Ainsi, la presse "aurait dû tirer le signal d'alarme", selon lui, lorsqu'Emmanuel Macron a entamé ses réformes fiscales, comme la suppression de l'ISF et l'alourdissement des taxes sur le diesel. Faute d'échos dans les médias, la population ne s'est pas sentie écoutée... "Des millions de Français sont obligés de sortir dans la rue pour hurler leur colère et finalement comme ils ne se sentent pas entendu, ils vont crier beaucoup plus fort, et ça va donner de la violence - violence contre la presse, contre les élus."
Ce samedi 15 janvier, une équipe l'Agence France-Presse (AFP) a été menacée et agressée lors d'une manifestation contre le passe vaccinal à Paris. "Voilà typiquement une des conséquences très graves de cette situation que le pouvoir politique laisse dériver depuis plusieurs années", analyse Jean-Baptiste Rivoire. "Ce monopole, ce système de confiscation de l'information par cinq milliardaires en France, décuple la violence dans la société donc c'est très grave."
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