Le Vatican a annoncé avoir relevé de ses fonctions Mgr Joseph Strickland, un évêque du Texas. Une destitution extrêmement rare puisqu’elle intervient après le refus du prélat américain de démissionner. Cette sanction met en lumière une partie importante de l’épiscopat des États-Unis, conservateur et hostile au pape François.
L’assemblée générale des évêques des États-Unis s’est ouverte ce lundi 13 novembre, deux jours après l’annonce par le Vatican de la sanction concernant Mgr Joseph Strickland. Destitué pour des questions de gouvernance, l'ancien évêque de Tyler compte parmi les plus virulents des évêques "anti-François", au sein d'un épiscopat majoritairement conservateur.
"Le Saint-Père a relevé du gouvernement pastoral du diocèse de Tyler (États-Unis) Joseph E. Strickland", a annoncé le Vatican dans un communiqué, le samedi 11 novembre. Cette décision a été prise à la suite d’une visite pastorale dans le diocèse de Tyler. Deux évêques américains ont mené pendant plusieurs mois une enquête "sur tous les aspects de la gouvernance et de la direction du diocèse les deux évêques américains", a expliqué dans un communiqué le cardinal DiNardo, archevêque de Galveston-Houston, dont fait partie le diocèse de Tyler.
L’enquête qui s’est achevée en juin dernier portait donc officiellement sur des questions de "gouvernance". "À la suite de cette visite, une recommandation a été faite au Saint-Père selon laquelle la poursuite du mandat de Mgr Strickland n'était pas possible", indique le communiqué. L'usage est que le Vatican demande à l'évêque de remettre sa charge - ce qui a été fait le 9 novembre mais Mgr Strickland a refusé de démissionner. D'où la décision rarissime de relever le prélat de ses fonctions. Suite à sa destitution, Mgr Joe Vásquez, l’évêque d'Austin, a été nommé administrateur apostolique du diocèse de Tyler.
Il a été nommé évêque en 2012 par Benoît XVI. Mgr Joseph Strickland, 65 ans, fait partie des évêques américains très conservateurs. Il s’est ouvertement opposé au synode sur l’avenir de l’Église, en publiant, le 22 août dernier, une Lettre pastorale pour avertir ses fidèles du danger que celui-ci représente. "Au contraire, ceux qui proposent des changements à ce qui ne peut être changé cherchent à réquisitionner l’Église du Christ, et ce sont eux les vrais schismatiques", déclarait-il (Traduction site TFP).
Joseph Strickland compte parmi les critiques les plus virulents au pape François. Le 31 octobre, il a relayé lors d’une conférence des propos qualifiant le souverain pontife "d’usurpateur". Ce n’était cependant pas la première fois qu’il critiquait publiquement le chef de l’Église catholique. Il a été jusqu’à affirmer sur X (ex-Twitter) en mai 2023 qu’il "rejetait le programme" de François accusé selon lui de "saper le dépôt de la foi".
Ses prises de parole sur les réseaux sociaux ou sur sa propre radio trouvent une large audience, au-delà de son propre diocèse. Le 25 juin 2023, alors que l’enquête apostolique le concernant arrivait à sa fin, il déclarait sur X : "Être persécuté pour avoir dit la vérité est un honneur que tout chrétien devrait être prêt à accepter. C'est marcher avec Jésus-Christ qui est la Vérité Incarnée..."
Le synode sur la synodalité a mis en lumière un épiscopat américain conservateur qui n’hésite plus à faire entendre son opposition. En 2022 il a élu à sa tête Mgr Timothy Broglio, opposant au pape François. Un épiscopat plus conservateur que les fidèles ?
En 2015, pour 66% des catholiques américains, il était "acceptable que des enfants soient élevés dans une famille homoparentale" et 46% d’entre eux étaient d’avis "que l’Église devrait reconnaître les unions homosexuelles" (Source : journal Le Monde). Les plus de 70 millions de catholiques que compte le pays se divisent sur des thèmes comme l’immigration, les questions de morale sexuelle et de bioéthique, ainsi que la crise écologique. Une Église catholique américaine qui est fortement atteinte par les révélations de scandales sexuels. Depuis une dizaine d’années, plus de 20 diocèses se sont déclarés en faillite.
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