L'Université de Strasbourg a décidé de quitter le réseau X fin février 2024. C'est la quatrième Université de Recherche à emprunter cette voie après l'affranchissement du réseau de s'affranchir des règles européennes de bonnes conduite en mai 2023. Cette fuite des instances intellectuelles de l'ancien Twitter questionne sur la mise en danger du débat public. Armelle Tanvez, la directrice de la communication de l’Université de Strasbourg, justifie cette option.
RCF Alsace : Pourquoi avoir quitté X ?
Armelle Tanvez : C'est l'évolution de X depuis plusieurs mois qui nous a fait nous questionner et réfléchir sur ce qu'on devait faire, c'est-à-dire depuis le rachat par Elon Musk de la plateforme. Les étudiants nous avaient également interpellés mi-décembre à ce sujet. À savoir : quelle était la position de l'université par rapport au fait de rester ou de ne pas rester sur le réseau X ?
On constate aujourd'hui que Twitter est, pour une part, un grand défouloir. Finalement, ce n'est pas un espace réel de débat public qui respecte un certain nombre de principes éthiques. De cette manière, on veut vraiment interroger ou questionner la société sur le sens de ce réseau aujourd'hui. La certification payante tendrait à laisser penser que là où on va payer, l'information serait fiable. Or, ce n'est pas tout à fait vrai. Les discussions dans une communauté spécifique sans chercher à s’ouvrir interrogent aussi sur la notion de débat et “échange”.
RCF Alsace : Cette démission de l'Université, entité intellectuelle, n’est-elle pas triste ?
Armelle Tanvez : Nous, on envoie un signal. Effectivement, on peut se dire "c'est dommage". Mais nous constatons que cette plateforme est surtout gérée par des algorithmes qui ont des conséquences sur les propos affichés ou cachés.
RCF Alsace : Ces algorithmes existent aussi sur d’autres réseaux ...
Armelle Tanvez : Oui, mais concernant X, ils ne sont pas transparents, ils évoluent au fur et à mesure. C'est une forme d'alerte. Si X, dans quelques mois ou quelques années prennent d'autres directions, pourquoi ne pas y revenir ? Pour le moment, nous ne souhaitons plus participer à ce grand défouloir. Nous envoyons un signal et faisons prendre conscience.
RCF Alsace : Cette décision, qui concerne l'Université de Strasbourg comme entité institutionnelle, va-t-elle impliquer ses membres à titre personnel?
Armelle Tanvez : Dans un premier temps, le compte Université de Strasbourg va être en veille jusqu'à fin février avant d’être supprimé définitivement. En ce qui concerne les services de l'université par exemple, "Espace avenir", ou celui de la santé, ils ne seront plus sur ce réseau-là.
Concernant les agents de l'Université à titre individuel, dans leur fonction citoyenne, ils feront ce qu'ils voudront. En revanche, ils ne peuvent pas prendre la parole sur sur X au nom de l'Université. Et pour les enseignants chercheurs, il y a une forte incitation à ce qu'ils réfléchissent sur la pertinence de leur présence sur ce réseau.
Néanmoins, y être peut relever de leur liberté académique dans la mesure où ils peuvent s'en servir dans un cadre d'enseignement.
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