Raphy Marciano est un intellectuel juif, artisan d’un dialogue sans concessions avec les catholiques. Il est l’ancien directeur du centre communautaire juif de Paris, et l’auteur de "Juifs, chrétiens : les promesses d’un dialogue" (éd. du Cerf). En couverture de ce livre, on peut voir le pape François. Pour l’auteur, le souverain pontife est un personnage important du dialogue judéo-chrétien. "C’est pour nous une nouvelle page, à la suite de Jean-Paul II, qui a compris que le dialogue était très important. Le pape François prend des initiatives inédites en faveur de la communauté juive".
Depuis Jean-Paul II, on dit que les juifs sont les frères aînés des catholiques, dans la foi. Une expression qui ne convient pas à Raphy Marciano. "Je suis au regret de vous dire que le judaïsme n’a pas de frère cadet. Il ne faut pas oublier le poids de l’histoire. Le dialogue est asymétrique. Le poids de l’histoire a placé les juifs dans une certaine méfiance à l’égard du chrétien. L’idée, au bout de 2.000 ans, c’est qu’il faut rendre hommage à l’Église de France qui est d’une extrême attention à l’égard des juifs de France" ajoute-t-il.
Pour Raphy Marciano, il y a une vraie singularité dans la relation entre les juifs et les chrétiens. "La nature des relations entre l’Église et la synagogue est naturelle. Les racines chrétiennes sont juives. Beaucoup de chrétiens ne savent pas que Jésus et les apôtres étaient juifs. Il faudra encore en parler demain, et en discuter. Bien qu’il y ait un progrès dans les relations, et cela nous encourage" précise-t-il.
L’intellectuel juif remarque que sur le terrain, il y a vraie une prise de conscience. "D’abord du côté juif où il faut donner une nouvelle image de l’Église et des chrétiens à nos communautés. […] De nombreuses associations se réunissent et dialoguent. Un jeune rabbin qui s’installe demande d’abord à rencontrer le curé. C’est très important de commencer à écouter l’autre, le dialogue nous enrichit mutuellement. Nous avons juifs et chrétiens une coresponsabilité vis-à-vis de l’humanité" lance-t-il.
Un sujet tabou demeure entre les deux communautés : le statut de Jérusalem et de l’État d’Israël. "Il y a une interprétation très difficile dans certains milieux chrétiens, notamment protestants. On n’a jamais demandé aux chrétiens de soutenir tel ou tel gouvernement israélien. Même certaines communautés juives ne sont pas d’accord avec la politique israélienne. Ce que l’on demande aux chrétiens de continuer à reconnaître la légitimité du peuple d’Israël sur cette terre, et pas sur une autre" précise-t-il, en ajoutant que Jérusalem est unique et universelle, "uniquement parce qu’elle est juive". Pour Raphy Marciano, "les hommes de foi ont encore des choses à dire à la société. Surtout le message éthique judéo-chrétien".
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