L’actualité vient nous rappeler, à juste titre, l’urgente nécessité de l'écoute. Personne ne franchit la porte d’une association en disant "bonjour, j’ai besoin d’être écouté". Il est alors facile de regarder les personnes qui vivent des situations difficiles comme si elles étaient une somme de problèmes à résoudre : la pauvreté, le non-recours aux droits, la maladie, les difficultés familiales ou professionnelles.
Ces difficultés sont souvent source d’isolement et de peurs ; source de honte, d’angoisse à l’idée de ne pas pouvoir payer le loyer ou la cantine des enfants. Et puis ces personnes ont tellement l’habitude de ne pas être entendues, de toujours faire face à la méfiance. Pourtant, chacun doit pouvoir partager son fardeau, l’exprimer, trouver du réconfort. Une main qui se tend et vous dit que vous n’êtes pas seuls.
Au Secours catholique, nous voulons prendre le temps de la rencontre fraternelle ; prendre le temps d’être là avec eux. Nous tentons autant que faire se peut de nous mettre à l’écoute des plus pauvres. Nous sommes peut-être maladroits ; et comment ne pas l’être. Mais nous voulons malgré tout oser accueillir leurs paroles et leur expérience. Cela demande du temps, beaucoup de temps ! Car cette écoute se construit dans une confiance accordée qui ne s’impose pas ; une confiance qui nait dans la rencontre entre bénévoles et personnes en difficultés.
Et alors, voilà ce que nous dit Françoise, une bénévole : "Ce sont elles (les personnes en précarités) qui nous accueillent chez elles et non l’inverse Ainsi, on est au cœur de leur vie, en contact réel et vrai." Et à ce moment, nous découvrons, sur nous-même comme sur notre société, des choses que nous n’aurions jamais imaginées.
Le rapport remis mardi par la commission présidée par Jean-Marc Sauvé sur les abus sexuels sur mineurs dans l’Eglise a résolument placé au centre la prise en compte de la parole des victimes, l’écoute réelle, attentive, vibrante de leurs témoignages. Elles nous disent combien prendre la parole peut être douloureux pour ceux qui ont été agressés, qui ont honte, qui ont peur du rejet ; pour ceux dont les maux ont été bien trop longtemps niés ou volontairement ignorés.
Alors, prenons le temps d’aller lire leurs témoignages, de nous laisser toucher par leurs paroles. C’est un chemin exigeant qui nous fait bien comprendre pourquoi l’écoute est si importante ; importante d’abord pour les personnes victimes qui sont ainsi reconnues ; importante aussi pour nous permettre de mieux voir notre société.
Une leçon que nous ne devons jamais oublier.
Chaque jeudi, écoutez la chronique de Véronique Devise, la présidente du Secours catholique - Caritas France.
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