Rapport de la CIASE : les réactions dans le diocèse de Lyon

Le chiffre fait froid dans le dos : 330 000 personnes, aujourd’hui majeures, ont été victimes d’agressions sexuelles lorsqu’elles étaient mineures. Des abus commis par des prêtres, des religieux, mais aussi par des laïcs en mission d’Eglise. Après les cercles familiaux et amicaux, l’Eglise est celui où la menace des violences sexuelles est le plus fort. Dans le reste de la société, les agressions sexuelles touchent majoritairement des filles, mais pour les abus commis au sein de l’Eglise, 80 % des victimes sont des garçons âgés de 10 à 13 ans.

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Ces chiffres ont été rendus publics ce mardi 5 octobre, dans une présentation des conclusions de la CIASE, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise, assurée par son président Jean-Marc Sauvé. Avant sa prise de parole, c'est d'abord François Devaux qui s'est présenté derrière le pupitre. Le président et fondateur de l'association La Parole libérée, créée à Lyon fin 2015 (aujourd'hui dissoute) et regroupant des victimes de Bernard Preynat, a d'abord tenu à saluer le travail effectué par la CIASE.

Le discours de François Devaux a ensuite pris une forme plus grave et péremptoire pour appeler l’Église à prendre ses responsabilités.

Particulièrement exposé médiatiquement, le diocèse de Lyon fait partie des 10 diocèses de France les plus touchés par ces crimes. Selon l'archevêque lyonnais Mgr Olivier de Germay, entre 1950 et aujourd’hui, 76 auteurs d’abus sexuels prêtres ou religieux ont été recensés, dont 49 ont commis des faits sur des mineurs.

 

Devant cet implacable constat, comment le rapport de la commission Sauvé est-il reçu dans le diocèse de Lyon ? Mgr Olivier de Germay a tenu à faire une déclaration dans la foulée de la publication des conclusions de la CIASE.

Mgr de Germay a ensuite pris un temps d'échange avec tous les salariés du diocèse de Lyon. Concernant les recommandations de la CIASE, il s'est dit personnellement "ébranlé" par les déclarations de Jean-Marc Sauvé sur la levée du secret de la confession concernant les crimes commis sur les enfants. "C'est une piste qu'il ne faut pas fermer" selon l'archevêque de Lyon.

 

Le rapport de la CIASE pointe aussi une "sacralisation excessive de la figure du prêtre" qui a pu freiner la prise en compte des situations d'abus. Les prêtres, qui ont eux aussi reçu ce document avec douleur et tristesse. Beaucoup d'entre eux ont regardé la conférence de presse en direct, comme le père Patrice Guerre, curé à la paroisse lyonnaise de Saint-Pothin et secrétaire du Conseil presbytéral du diocèse de Lyon.

Motif d'espérance dans ce constat sombre : le père Patrice Guerre reconnaît que depuis quelques années, la formation des séminaristes a été améliorée, notamment sur les questions de sexualité. Chaque candidat au sacerdoce rencontre aujourd'hui un psychologue au cours de sa formation, un dispositif qui n'existait pas lorsque le Père Guerre était au séminaire.