Y a-t-il un problème au Vatican avec le rapport Sauvé ? Ce lundi 13 décembre, nul doute qu'il est au centre de la rencontre entre le pape François et la présidence des évêques de France. Rapport qui suscite des doutes au Vatican, alors qu’en France les évêques sont allés dans le sens de ses préconisations, en reconnaissant notamment le caractère systémique et la responsabilité institutionnelle de l'Église.
La conférence des évêques de France (CEF) attend beaucoup de cette rencontre avec le pape. Comme c’est l’usage après une assemblée plénière, les représentants des évêques sont à Rome pour rendre compte de leurs travaux au chef de l’Église catholique. Le pape François reçoit donc ce lundi 13 décembre le président de la CEF, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, ses deux vice-présidents, Mgr Dominique Blanchet et Mgr Olivier Leborgne, ainsi que le secrétaire général, le père Hugues de Woillemont. À la veille de cette rencontre, il a accepté de répondre à Étienne Pépin.
Cette rencontre de routine est bouleversée cette année par la publication du rapport de la Ciase, le 5 octobre dernier. Au sujet du rapport comme des récentes décisions des évêques pour lutter contre la pédophilie dans l'Église, es évêques de France attendent des réponses du pape. "Nous pensons bien qu’il sera attentif au travail qu’a fait l’Église en France. On attendra aussi de sa part des réactions, des encouragements, peut-être aussi des questions…"
Le pape François a semblé émettre quelques réserves au sujet du rapport Sauvé. Il a affirmé qu'il ne l’avait pas lu. "Des propos d’avions sont ce qu’ils sont, recadre le père Hugues de Woillemont, vous connaissez la détermination du pape François sur la lutte contre les violences et les agressions dans l’Église."
"Le pape François a reçu bien sûr le rapport de la Ciase", assure le secrétaire général de la CEF. Il a aussi reçu le texte de l'Académie catholique de France. Un rapport très critique à l'égard de la Ciase, dont La Croix a révélé, le 25 novembre dernier, qu'il avait été transmis au Vatican. Est-ce pour cela que l’audience prévue le 9 décembre dernier entre le pape et des membres de la Ciase a été annulée ? Ou bien est-ce parce que les évêques de France ont reconnu, ainsi que le préconisait la Ciase, la responsabilité institutionnelle de l’Église dans les abus sexuels ainsi que le caractère systémique de ces abus au sein de l’Église, mettant ainsi en cause l’ensemble de l’institution ecclésiale ?
Les évêques ne vont pas revenir sur les décisions fondamentales que sont la responsabilité institutionnelle, la reconnaissance d’un caractère systémique...
La rencontre entre les membres de la Ciase et le pape avait été demandée par les CEF et la Corref, rappelle Hugues de Woillemont. "Nous la souhaitons toujours, nous allons lui demander à nouveau qu’il puisse rencontrer des membres de la commission Sauvé."
Quant aux décisions des évêques de France qui pourraient mettre mal à l’aise le chef de l’Église catholique, le secrétaire général de la CEF l’assure : "Les évêques ne vont pas revenir sur les décisions fondamentales que sont la responsabilité institutionnelle, la reconnaissance d’un caractère systémique et ce chemin de reconnaissance et de réparation avec en particulier, dans ce volet-là, une indemnisation financière."
L’Église catholique parviendra-t-elle à parler d’une seule voix sur la lutte contre la pédocriminalité ? Le père de Woillemont admet que "sur ce sujet-là il y a besoin de parler, d’expliquer". Pour lui, les abus sexuels "ne sont pas que l’affaire des évêques ou des prêtres, c’est l’affaire de tous".
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