Les températures augmentent. Les rapports du GIEC s’enchaînent. À quelles conséquences devons-nous nous attendre face au réchauffement climatique ? Et qu’est-il encore possible de faire avant qu’il ne soit trop tard pour la planète ?
S’adapter au changement est l’une des stratégies possibles pour faire face au réchauffement climatique. L’autre possibilité, plus ambitieuse, est bien sûr d’essayer de l’empêcher, ou du moins de l’atténuer. Tout dépend d’une chose : le temps. Avons-nous encore le temps d’atténuer le réchauffement climatique ? N’est-il pas trop tard ? Ne sommes-nous pas déjà dans l’adaptation forcée ?
Il existe encore des climatosceptiques, mais pour les experts du GIEC, cela ne fait aucun doute : le réchauffement climatique n’est plus à notre porte, il est là. La plus récente illustration est sans doute la vague de canicule qui a frappé le Nord de l’Inde et le Pakistan, depuis le 11 mars dernier. Des températures qui frôlent les 50 degrés, des conséquences énormes sur le quotidien des habitants, sur l’agriculture locale, sur la sécurité alimentaire et sur l’économie. Avec pour conséquence, le creusement des inégalités.
Pour Frédéric Durand, enseignant-chercheur en géographie à l’université de Toulouse, spécialiste de l’Asie du Sud-Est, auteur de "Le réchauffement climatique : enjeu crucial du XXIème siècle" (éd. Ellipses), "il n’est pas trop tard, il est très très tard. Il y a nécessité à agir. La nécessité a été montrée par les chiffres. Nous devons diviser par deux nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, et qu’on arrive à zéro carbone fossile en 2050. Il faudrait pour cela un plan Marshall à l’échelle mondiale. La plupart des gens n’ont pas conscience de la gravité et de l’urgence à agir".
Un degré de conscience qu’il est difficile à estimer aujourd’hui. "Il y a un décalage énorme entre l’urgence que montre la science et le besoin d’avoir des actions dès maintenant. Il y a de nombreux exemples de décalage. Pas plus tard qu’hier, le Parlement européen a voté la fin des voitures à combustible fossile pour 2035. En 2050, nous aurons encore des voitures fossiles sur nos routes. Le décalage est énorme. Même les ONG sont décalées par rapport à la réalité de l’urgence. Seuls les scientifiques et les jeunes semblent conscients de l’urgence de l’action" lance Yamina Saheb, ingénieure, économiste et docteure en énergétique, auteur du GIEC qui travaille pour Open Exp, un réseau mondial d'experts indépendants qui développe avec et pour les décideurs politiques, les chefs d'entreprise, la société civile et la communauté scientifique, des solutions visant à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
Pour Frédéric Durand, "il y a une contradiction fondamentale. Tous les dirigeants restent sur l’obsession de la croissance économique, du pouvoir d’achat. On n’entend parler que de ça. Or, pour respecter les chiffres de l’accord de Paris, il faudrait réduire de 7% par an les émissions de gaz à effet de serre. Il faudra faire ça pendant plus de 30 ans, jusqu’en 2050. Il faut un changement de paradigme, en sortant de l’obsession de la croissance, pour construire un monde viable d’ici 30 ans".
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