La cueillette des pommes est lancée depuis déjà deux semaines, avec une douzaine de jours d'avance cette année, en raison des conditions météorologiques de ces derniers mois. Reportage dans le Cher.
Dans le verger de Brécy, les cueilleurs s'activent. Il faut dérocher les fruits du pommier avec précaution. Pascal a 62 ans, il est fidèle au poste depuis une vingtaine d'années : « C'est un peu dur, mais je préfère pouvoir les cueillir à 62 ans que d'être dans un fauteuil ! » s'amuse cet habitué, qui concède que ce n'est pas facile tous les jours : « Ce qui est le plus dur, c'est la chaleur. Cueillir des pommes à 15 degrés ça va, mais à 30, 33 degrés... C'est un peu plus dur, étant donné qu'on est payé au rendement, il faut quand même en sortir ! ». En effet, cette année, la récolte a commencé avec une douzaine de jours d'avance, en raison de la météo de ces derniers mois. Pour Dylan, 24 ans, c'est la première cueillette : « Moi, j'ai déjà fait les vignes, c'est à peu près le même travail. C'est mieux d'être ici que de faire les vendanges, c'est plus agréable de cueillir des pommes ! »
Trouver de la main d'œuvre, c'est l'une des principales difficultés à laquelle les arboriculteurs sont confrontés. Cette année, Thomas Gangneron a réussi à embaucher environ 30 cueilleurs, dont 6 Ukrainiens, pour ses 25 hectares d'exploitation sur ses deux vergers à Brécy et Soulangis. Suffisant... Pour le moment : « On a déjà embauché les personnes qu'on avait sur la liste d'attente, donc pour l'instant, on n'a plus personne sous le coude en cas de besoin d'augmentation de l'effectif. Malgré la mobilisation de Pôle Emploi cette année, c'est encore très compliqué. Il y a un souci structurel pour trouver des cueilleurs de pommes. »
Gel au printemps, peu de pluie, sécheresse et fortes chaleurs durant l'été : les arboriculteurs subissent également de plein fouet les conséquences du changement climatique. Le rendement de cette année s'annonce moyen : « Les arbres sont chargés normalement, mais le manque de pluie et la chaleur de cet été ont fait que les fruits n'ont pas beaucoup grossi » explique Thomas Gangneron. « Les fruits sont très sucrés, du coup, les oiseaux en mangent un petit peu ; et le soleil et les canicules ont fait qu'il y a une partie des fruits qui sont brûlés ». En revanche, les pommes devraient être délicieuses : « La qualité est très bonne, les fruits sont bien mûrs, très sucrés avec beaucoup d'arôme, donc très bon à manger. »
Ce qui inquiète Pascal Gangneron, c'est la vente de sa récolte : « Nos coûts de production augmentent, notamment la main d'œuvre. Depuis un an, le SMIC a fortement augmenté, c'est normal, mais on ne peut pas répercuter nos hausses de charges. Que ce soit la main d'œuvre, qui représente plus de 50 % de nos charges, ou le fioul et tous les approvisionnements. La grande surface fait vraiment une pression très forte pour baisser les prix alors que nous, nos coûts de production augmentent, donc ce n'est pas possible, ça va coincer ». Pascal Gangneron estime « autour de 30 centimes » le coût de production d'un kilo de pommes. Combien va lui rapporter la vente en grande surface ? « Ça passe par la coopérative, donc il y a les frais d'emballage, de froid... Mais la grande surface, tel que c'est parti, je toucherai moins de 25 centimes le kilo... Je vais être en-dessous de mon coût de production. »
La cueillette va se poursuivre jusqu'à fin novembre. 6 variétés vont se succéder : Gala, Honey Crunch, Granny, Golden, Candine et Pink Lady pour terminer.
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