Cette journée va être marquée par la mobilisation d’hommes et de femmes inquiets pour leur niveau de vie à la retraite. Au Secours catholique, nous ne sommes pas des experts sur ce sujet, mais cette question prend toute sa place dans la réflexion que nous menons sur une société plus juste et plus fraternelle, où chacun puisse vivre dignement.
Et pour vivre dignement, il faut pouvoir se nourrir de façon équilibrée, avoir un logement correct et bien isolé, prendre soin de sa santé et avoir un minimum de vie sociale. Au Secours catholique, nous aimons lire les lois et les réformes à l’impact qu’elles auront sur les personnes les plus fragiles. C'est-à-dire, sur ces 9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, dans notre pays et qui survivent péniblement. Parmi elles, nous retrouvons celles et ceux qui poussent la porte de nos accueils pour recevoir de l’aide et être accompagnés pour sortir de la pauvreté.
Depuis plusieurs années, nous observons une progression lente mais inexorable des personnes âgées de plus de 60 ans qui demandent de l’aide dans nos accueils. Ce sont bien souvent des personnes qui ont eu une vie professionnelle hachée, des carrières incomplètes et qui ne percevront pas les 1200 euros promis par le gouvernement. Car la réforme n’a pas été pensée à partir de celles et ceux qui déjà n’ont pas accès au marché du travail.
Présent partout en France et en outre-mer, nous sommes un bon baromètre social et cette tendance que nous observons doit nous alerter sur la société que nous voulons construire demain. Je pense à Marthe, qui doit vivre avec 100 euros une fois le loyer et les charges payées... 100 euros par mois pour se nourrir, se soigner. Elle doit se priver et bénéficie de la générosité de ses voisins qui lui donnent des légumes avec lesquels elle fait des conserves pour passer l’hiver. Le Secours catholique lui permet de tenir et de ne pas décourager.
La situation de Marthe met d’ailleurs en lumière la situation des femmes, particulièrement touchées par les carrières incomplètes et qui se mettent souvent au service de leur entourage, enfants ou adultes porteurs de handicap, parents âgés ou malades ou jeunes enfants. Car la réforme des retraites ouvre une porte sur la prise en compte des temps liées aux contraintes familiales pour les salariés aidants, et c’est une belle avancée ! Et pourtant, une meilleure prise en compte des temps consacrés à la famille voire des temps de bénévolat, permettrait de rendre de la dignité comme du revenu aux personnes sans activité professionnelle. Il est temps que nous reconnaissions cette solidarité si précieuse pour humaniser notre société.
La réforme des retraites, au-delà des polémiques et positionnements de chacun, nous demande
de réfléchir à la société que nous souhaitons construire ensemble. Quels temps nous paraissent essentiels, dans le travail comme dans le prendre soin des personnes, doivent être pris en compte dans les revenus au nom de la solidarité nationale ?
Au Secours catholique, nous souhaitons que les réformes et les mesures soient évaluées à
partir de l’impact qu’elles ont sur les plus fragiles. Que les voix et les vies de celles et ceux qui
galèrent soient écoutées et prises en compte pour faire vivre la fraternité.
Chaque jeudi, écoutez la chronique de Véronique Devise, la présidente du Secours catholique - Caritas France.
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