La Première ministre, Elisabeth Borne a présenté lundi soir la démission de son gouvernement au président Emmanuel Macron. Le chef de l’État espère ouvrir une nouvelle page après une année marquée par la réforme des retraites et celle de l’immigration. Le nom du prochain locataire de Matignon nourrit les spéculations.
“Emmanuel Macron a, sous doute, le sentiment qu’Élisabeth Borne n'incarne plus la nouveauté, mais plutôt les débats clivants et les négociations difficiles” analyse le politologue Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS et professeur à Sciences Po Rennes. Durant les 602 jours qu’elle a passés à Matignon, la première ministre aura affronté 23 recours à l'article 49.3 et 31 motions de censure.
Élisabeth Borne a été un bon soldat en allant au-delà de sa nature qui est celle d’une femme de dialogue
"Alors qu'il me faut présenter la démission de mon gouvernement, je voulais vous dire combien j'ai été passionnée par cette mission, guidée par le souci constant, que nous partageons, d'aboutir à des résultats rapides et tangibles pour nos concitoyens", a écrit Mme Borne au président Macron. De son côté, le chef de l'Etat l'a remerciée pour son travail "exemplaire" au “service de la Nation".
“Élisabeth Borne a été obligée de mener un travail de négociations pied à pied sur de nombreux textes avec le groupe LR, de la droite républicaine, pour faire passer quelques textes dans la douleur” rappelle Romain Pasquier. “Elle a été un bon soldat en allant au-delà de sa nature qui est celle d’une femme de dialogue pour faire avancer l’équipe gouvernementale” résume-t-il, jugeant que la Première ministre est arrivée “à la fin d’un cycle”.
Il s’agit pour Emmanuel Macron de relancer un quinquennat “qui a des difficultés” juge le politologue. Romain Pasquier, liste “des difficultés politiques, des problèmes de coordinations au sein du groupe Renaissance et une situation économique qui se durcit alors que c’était le grand acquis du premier quinquennat”.
Le choix du successeur d’Élisabeth Borne est donc loin d’être neutre pour maintenir l'équilibre précaire du camp présidentiel, mis à mal dernièrement par les divisions sur la loi immigration. Si le patron des députés du parti au pouvoir Renaissance, Sylvain Maillard, a assuré sur la chaîne LCI que ses troupes "travailleront en toute loyauté" avec le prochain Premier ministre, en coulisses beaucoup redoutent un nouveau coup de barre à droite, alors que les élections européennes se profilent en juin.
Le prochain Premier ministre va devoir négocier un programme avec des partenaires qui ne se bousculent pas au portillon
Cependant, après plusieurs noms égrenés ces derniers jours, celui qui tourne ces dernières heures nous amène au ministère de l’Éducation nationale. Gabriel Attal, 34 ans, macroniste de la première heure, décrit comme "bon élève", ou "la meilleure incarnation de l'ADN macroniste", était entré en 2017 au gouvernement, où il a connu une ascension spectaculaire.
Néanmoins, la nomination d’un nouveau Premier ministre ne réglera pas le problème de fond du second quinquennat d’Emmanuel Macron : l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale. “Le problème structurel reste” note Romain Pasquier. Le prochain locataire de Matignon va devoir “négocier un programme avec des partenaires potentiels qui ne se bousculent pas au portillon” conclut le politologue.
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