Un patrimoine imposant, mais méconnu, voilà une bonne façon de décrire la Vierge du Mas Rillier. Construite pendant la Seconde Guerre mondiale, cette Madone de 32 mètres de haut voit son histoire débuter une décennie avant son inauguration, au sein même de l’église de Miribel dans l'Ain. C’est ce qu’explique Josiane Bouvier, élue de Miribel et responsable du patrimoine de la commune : « Quand le père Thomas est arrivé en 1931, l’église était complètement vide, la paroisse n’avait pas de ressources ni d’argent dans les caisses. Le père a voulu la réhabiliter et pour ça, il a organisé des kermesses, des Loto, des cartes à piquer. Grâce à cela, il a pu refaire le sol, acheter un autel et avec l’argent qu’il lui restait, il a fait construire une Vierge en pierre de Lens au sein de l’église ».
Trois ans avant ces événements, en 1928, l’évêque de Belley, Virgile Béguin souhaitait que l’église du Mas Rillier fasse partie de la confrérie de Notre Dame du Sacré Cœur d’Issoudun. Une appartenance qui donne à l’église un statut marial au même titre que Lourdes par exemple. Cette appartenance attire les paroissiens qui très vite commencent à affluer en nombre. Et la statue du père Thomas commence à faire parler, la vierge serait dotée de pouvoir de guérison. Très vite, ces échos apportent une renommée mondiale à la statue, amenant avec elle d’importantes rentrées d’argent. L’église reçoit jusqu’à 400 dons par jour. De l’argent que le père Thomas décide d’investir, dans une nouvelle statue de la Vierge, la Vierge du Mas Rillier. « Le père pensait à une statue de 7 mètres, mais l’évêque lui voulait quelque chose de beaucoup plus grand. C’est ainsi qu’est né le projet monumental de la Vierge du Mas Rillier. On voyait arriver à Miribel 4 000, 5 000 puis 8 000 Pellerin lors des fêtes solennelles. A ces fêtes, il y avait des ventes de charité, des ventes de repas, d'objets pieux, un abri pour la nuit. Tout cela permettait de faire rentrer de plus en plus d’argent dans les caisses, argent qui a permis de construire entièrement la statue ».
Pour l’ériger, le choix se porte rapidement sur le sculpteur, Georges Serraz. Ce dernier n’en est pas à son coup d’essai, il vient d’achever le Christ-Roi aux Houches, en Haute-Savoie, une représentation monumentale du Christ de 25 mètres de haut.
La construction va durer 3 ans, de 1938 à 1941. Une période que Jacques Meyer Habitant de Miribel a bien connue. « Je crois que pour la pose de la première pierre de la statue, il y avait entre 2000 et 2500 pèlerins, ça chantait, ça priait, c’était beau. Le dimanche, nous allions voir où en était la construction de la statue. Il y avait des montagnes de chevrons de planches qui avaient servi à monter la statue, c’était beau. »
En 1941, la statue est inaugurée, elle culmine à 38 mètres de haut, socle compris, soit la même taille que le Christ rédempteur de Rio. Depuis son sommet, une vue imprenable à 180 degrés sur des dizaines et des dizaines de kilomètres. Josiane Bouvier explique les détails de la construction : « La sculpture a été faite en deux parties, la partie haute sculptée par le sculpteur, la partie noble si on peut dire. Et la partie basse est faite à partir de coffrages afin de représenter tous les plis de la robe ».
Outre la statue, un carillon attenant un beffroi composé de 50 cloches dont une de deux tonnes, ont aussi été érigé en contrebas.
Mais la grande dame prend de l’âge et perd de sa superbe. Avec le temps, des morceaux de son visage et de ses mains s’effritent. Pour en rajouter la sculpture qui était à l’origine d’un blanc éclatant, s’est vu devenir grise sous les effets de la pollution et de l’humidité. « On ne peut pas laisser ce patrimoine en morceaux sans faire grand-chose » fustige l’élu. La commune, propriétaire du monument, a d'ailleurs prévu de lancer des travaux de restauration pour un budget total fixé à 4 millions 800 000 euros. Un appel à dons devrait être lancé prochainement.
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