L'émission cette semaine est entièrement consacrée à l'incendie de Notre-Dame de Paris. Au programme : déroulement du sinistre, engagement des pompiers, reconstruction, et question des dons.
Au moment de l'incendie, des dizaines de chrétiens se sont rassemblés pour prier. Pour Anne-Cécile, qui a participé à ce rassemblement spontané Le drame n'est pas sans écho avec la semaine sainte, "une semaine de souffrances" pour le Christ. Pour Antoine, chrétien convaincu comme Anne-Cécile, cet incendie est le signe que l'on peut prier partout : "Dieu est partout, ce n'est que du matériel".
Grande émotion aussi du côté de Monseigneur Chauvet, recteur de la cathédrale qui raconte avoir pleuré en assistant à l'incendie et en voyant que "855 ans de travail" avaient disparu. Il se dit "affolé" par l'ampleur des travaux de restauration à venir. Même émotion du côté de Monseigneur Moulins Beaufort, archevêque de Reims et ancien évêque auxilliaire de Paris qui a invité les catholiques "à célébrer le Christ" qui fait de chacun des croyants "le temple de Dieu".
Malgré la destruction de la charpente, de la toiture et la perte de la flèche la structure de la cathédrale a échappé au pire. Un sauvetage qui a été possible grâce aux 400 pompiers engagés sur place pendant la nuit. Le caporal-chef des pompiers de Paris Myriam Sudzinsky était l'une des premières sur les lieux. Elle s'est rendue compte de l'ampleur du sinistre dès son arrivée. Première mission des pompiers : monter tout en haut de la cathédrale pour limiter au maximum la propagation des flammes, sans succès au départ.
Elévateurs, bateaux-pompes sur la Seine, drônes et même un robot pompier les moyens déployés pour lutter contre les flammes étaient nombreux. La pression des lances à incendie a été diminuée pour préserver les vitraux. La toiture perdue, les pompiers se sont orientés vers la défense des deux beffrois.
Le lieutenant-colonel José Vaz de Matos, officier des sapeur-pompiers de Paris et délégué auprès du ministère de la culture explique que les deux beffrois retiennent l'ensemble de l'édifice et des arches, et que leur perte aurait signifié l'effondrement de la structure de l'édifice.
A partir du moment où on perd la guerre du beffroi, on perd la cathédrale
C'est grâce à un "commando de choc" doté de moyen importants et envoyé au sommet de la cathédrale que le feu a pu être contenu.
Aujourd'hui, c'est l'heure du bilan, de l'enquête et de la sécurisation des lieux. Des points à risques ont été désignés, notamment le pignon nord et une partie du beffroi est qui ont déjà commencés à être démontés pour éviter un effondrement.
Après l'extinction des premières braises, la reconstruction a très vite été mise sur la table. Pierre Possémé, délégué régional de la fondation du patrimoine en Champagne-Ardennes explique que si le savoir-faire existe, c'est la question du "nombre de main d'oeuvre" disponible qui va se poser, pour un chantier exceptionnel. Il demande de reformer "dès maintenant" des jeunes pour le futur chantier.
le chef de l'Etat Emmanuel Macron a estimé qu'il était possible de reconstruire cette cathédrale en "cinq ans". Pour Nicolas Reveyron, historien de l'art spécialiste du Moyen-Âge c'est un délai "court", d'autant plus que le seul examen de l'édifice demandera déjà une "bonne année" de travail. A l'heure actuelle on ne connaît pas l'étendue des dégâts, notamment en ce qui concerne les joints et les dégats intérieurs des pierres, ce qui implique de verifier "pierre par pierre" la résistance de l'édifice. Pour l'heure il est "très difficile" de jauger le temps que prendront les travaux.
Il n'y a aucune raison que notre époque s'efface devant un édifice
Nicolas Reyveyron estime qu'il est "essentiel" de lancer un débat, en faisant référence au concours d'architecture lancé par le gouvernement pour pouvoir trouver un compromis qui "respecterait l'identité de Notre-Dame", sans pour autant renoncer aux matériaux modernes.
Alors qu'il y a peu les spécialistes du patrimoine pointaient du doigt le manque de moyens pour la préservation des monuments, un élan de solidarité inédit a permis de réunir un milliard d'euros pour Notre-Dame de Paris. Le rédacteur en chef de la tribune de l'art Didier Rikner rappelle que l'on ne trouvait pas l'argent avant l'incendie, alors que la cathédrale avait besoin de 150 millions d'euros pour sa restauration.
Autre polémique : la plupart des dons proviennent de grandes entreprises. Plusieurs ONG se sont émues de ces dons importants, notamment la fondation Abbé Pierre.
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