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Romain Malejacq: "les talibans n'ont aucun intérêt à négocier avec qui que ce soit"

Un article rédigé par Clotilde Dumay - RCF,  - Modifié le 20 juillet 2023

En Afghanistan, les talibans contrôlent désormais neuf des 34 capitales provinciales du pays. Ils profitent du retrait des troupes étrangères qui doivent quitter les lieux d’ici la fin du mois.

Drapeau de l'Afghanistan. ©UnsplashDrapeau de l'Afghanistan. ©Unsplash

La progression fulgurante des talibans

 

En moins d’une semaine, les talibans ont réussi à s’emparer de neuf des 34 capitales provinciales de l’Afghanistan, dont la grande ville de Kunduz. Une progression éclair due au retrait progressif des troupes militaires étrangères. "Personne ne s’attendait à cela. On savait qu’ils allaient progresser dans les campagnes. Mais le fait qu’ils arrivent à s’emparer de capitales provinciales, et surtout aussi rapidement, personne ne s’y attendait. On pensait également que l’armée aurait les capacités de résister un peu plus longtemps aux talibans" explique Romain Malejacq, professeur de sciences politiques, spécialiste de l’Afghanistan.

 

Géographiquement, les talibans semblent proliférer surtout au Nord du pays. La progression est plus lente dans le centre et au Sud de l’Afghanistan. "Leur stratégie consiste à couper les soutiens des forces anti-talibans, qui historiquement viennent du Nord. Il s’agit de prévenir la formation de cette résistance. Les talibans ont réussi à recruter dans le Nord, au-delà de leur ethnie. Aujourd’hui, ils profitent du fait que les anciens résistants aux talibans, les anciens chefs de guerre, ont été progressivement marginalisés par le chef de l’Etat" ajoute-t-il.

La responsabilité américaine

 

Malgré cela, la population fuit l’avancée des talibans. "La population en Afghanistan est la première perdante de ce conflit depuis toujours. Les talibans sont très impopulaires dans le Nord, puisque dans les années 90, il y a eu beaucoup de massacres, et la population a peur. Elle cherche à survivre et pour beaucoup la solution est de quitter le pays" lance ce spécialiste de l’Afghanistan.

 

De son côté, Joe Biden a annoncé qu’il ne regrettait pas sa décision de retirer ses troupes d’Afghanistan, et cela en dépit de la situation actuelle. "Pour Joe Biden, il est impossible aujourd’hui de déclarer qu’il regrette la décision. Les Américains essaient aujourd’hui de sauver les meubles, mais à partir du moment où ils ont décidé de se retirer, ils n’ont plus beaucoup de moyens de leviers pour convaincre les talibans de trouver une solution politique. Ils ont conclu un accord avec eux, qui consistait à faire partir les troupes américaines. C’est tout ce que les talibans voulaient. Les talibans n’ont donc aucun intérêt à négocier avec qui que ce soit" analyse Romain Malejacq.

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