Une marche républicaine a lieu ce mercredi à Saint-Brevin-les-Pins, en Loire-Atlantique, à l’appel de la gauche pour soutenir le maire Yannick Morez. Il a démissionné il y a quinze jours, découragé par les menaces et violences de groupuscules d’extrême droite. Écœuré aussi par le manque d’accompagnement de l’État. C'est une nouvelle illustration de ce que subissent de plus en plus de maires.
La violence envers les élus n’est malheureusement pas nouvelle. On se souvient de la mort du maire de Signes, Jean-Mathieu Michel, dans le Var, renversé en 2019 par un camion alors qu’il tentait de s’interposer face à un déchargement illégal de gravats. L’affaire avait suscité une vive émotion, mais les choses n’ont pas vraiment changé depuis. L’écharpe tricolore n’est plus une protection face à la multiplication d’incivilités, de menaces, de violences verbales, voire physiques.
Dans le cas de Yannick Morez, un cap a été franchi. Le maire divers droite de cette commune de 15.000 habitants a été l’objet durant plusieurs semaines d’une campagne de menaces et d’intimidation orchestrée par des groupuscules d’extrême droite, en raison d’un projet de centre d’accueil pour demandeurs d’asile.
Distribution de tracts, manifestations hostiles, harcèlement en ligne... Jusqu’à la nuit du 22 mars dernier où un engin explosif a été jeté contre les véhicules du maire devant son domicile provoquant un violent incendie. Auditionné par les sénateurs Yannick Morez a évoqué "un attentat criminel".
Les maires sont les élus les plus proches du terrain, "à portée de baffes", comme le résume tristement Romain Pasquier, enseignant à Science Po Rennes. "La racine du mal c’est une société de plus en plus fracturée où la défiance envers l’autorité atteint des niveaux jamais atteints. Cette défiance entraîne une désacralisation des frustrations et pour certains individus minoritaires des passages à l’acte. Une agressivité alimentée par des inégalités sociales ou économiques", analyse le politologue. Autre facteur aggravant selon lui : "l’évolution administrative" qui "a fait perdre certains pouvoirs des maires".
En face, les élus n’ont pas vraiment l’impression d’être soutenus par l’État. Yannick Morez l’a clairement dit devant les sénateurs. Bernard Souvignet, lui est maire de Raucoules, une petite commune de Haute-Loire. Il préside l’association des maires de France dans ce département. Face aux incivilités ou violences dont sont victimes certains de ses collègues, il déplore "une réponse pénale" encore trop floue.
Le gouvernement a dévoilé un plan d’action contre les violences. Le 17 mai, Dominique Faure, ministre déléguée aux Collectivités territoriales, a présenté un "pack sécurité". Il prévoit la désignation de plus de 3.400 référents atteintes aux élus dans les commissariats de police et gendarmeries. Ils auront pour mission de recueillir la parole des élus locaux, et de la libérer.
Un centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus a été aussi lancé. "Mais pour que cela fonctionne, il faut que les maires portent plainte systématiquement puisque ce centre va recenser les atteintes à partir des plaintes. Si n’y en a pas, on passera à coté de 90% des cas", souligne Bernard Souvignet. En plus de cet observatoire, le gouvernement prévoit de durcir les peines pour les auteurs de menaces ou de violences.
Depuis les dernières élections municipales en 2020, 1.293 maires ont démissionné. Yannick Morez lui n’est pas revenu sur sa décision de quitter ses fonctions. Il ne participera pas à ce rassemblement, mais il prendra la parole devant la mairie de Saint-Brevin-les-Pins. Dans un communiqué, l’élu divers droite dit regretter "la récupération politique, notamment par l’extrême gauche", de cette marche au départ transpartisane. Il déplore aussi "la discrétion" de la droite sur ce sujet.
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