Depuis 6h ce matin, plusieurs milliards d’euros de produits made in Europe sont frappés de tarifs douaniers punitifs lorsqu’ils entrent aux Etats-Unis. Et, ces sanctions ne viennent pas de nulle part. Elles s’inscrivent dans la continuité d’un long contentieux entre les Etats-Unis et l’Europe sur le soutien qu’ils apportent respectivement à leur industrie aéronautique. La crise trouve ses origines au milieu des années 1990 quand l’Administration Clinton décide de dénoncer un Traité entre l’Europe et les Etats-Unis qui régule justement ces questions de financement et attaque l’Europe à l’OMC. S’en suivent 25 ans de conflits croisés devant l’OMC, l’UE ayant immédiatement répliqué aux attaques américaines.
Les sanctions américaines sont donc les conséquences directes de ces procédures et ont ainsi été autorisées par l’OMC le 2 octobre dernier. D’ailleurs, l’Europe sera probablement autorisée à faire de même au printemps prochain. A moins qu’une solution négociée ne soit trouvée.
Justement, les appels pour trouver une solution à l’amiable se sont multipliés côté Européen depuis 15 jours. Ces deux dernières semaines n’ont donc pas été suffisantes pour trouver une solution négociée.
Pour négocier il faut être deux. Et, malgré une posture d’ouverture à la négociation, les Américains ne se sont en fait, jamais, vraiment prononcés sur le contenu très concret des propositions européennes. Cela confirme quelque chose de très important sur la politique commerciale de l’Administration Trump : alors que le système commercial international actuel a été fondé – par l’Europe et les Etats-Unis au passage – sur les règles et le droit, la politique actuelle de l’Administration Trump est fondée sur le rapport de force. Dans cette perspective et étant donné la séquence extrêmement difficile que connait Boeing actuellement avec la crise des 737max, il est probable que les Etats-Unis tentent d’affaiblir l’industrie européenne avant d’entrer en négociation, ce qui est pourtant leur intérêt objectif.
Face à ce risque avéré d’instrumentalisation mais également face à la montée de l’avionneur chinois Comac, les Européens doivent réagir et se donner les moyens de ramener les Américains aujourd’hui, les Chinois demain, à la table des négociations. Plusieurs futurs Commissaires ont parlé de la souveraineté économique de l’Europe lors de leur audition au Parlement européen. Notre capacité à lui donner un contenu, non pas pour imposer nos règles, mais pour renforcer le multilatéralisme, sera un des défis majeurs des premiers mois de la future Commission
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