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Sécheresse, incendies, orages, inondations : un été d'apocalypse

Un article rédigé par Anne Kerléo, rédactrice en chef Écologie RCF - RCF, le 24 août 2022 - Modifié le 24 août 2022

À la fin d’un été décrit par beaucoup comme apocalyptique, peut-on encore croire en l’avenir ? Alors que la survie même de l’humanité sur la Terre paraît menacée, comment espérer encore ? Comment changer nos vies et notre modèle de société pour les rendre compatibles avec un monde durable et fraternel ? Des questions vertigineuses et un immense défi que RCF, comme radio chrétienne, choisit de prendre à bras le corps. Sans certitudes, mais avec détermination. Et avec le concours de ses auditeurs et auditrices.

Deux vacanciers observent les fumées du feu de Saint-Magne en Gironde, depuis les plages du Pyla, le 10/08/2022 ©Sophie Garcia / Hans LucasDeux vacanciers observent les fumées du feu de Saint-Magne en Gironde, depuis les plages du Pyla, le 10/08/2022 ©Sophie Garcia / Hans Lucas

Un été de tous les extrêmes : le temps de la révélation

 

Nombreux sont les journalistes et commentateurs qui, pour qualifier les événements météorologiques extrêmes de juillet-août ont employé les termes "apocalypse" ou "apocalyptique", au sens de "catastrophe qui évoque la fin du monde". Mais l'étymologie grecque du mot et son usage biblique disent autre chose : l’apocalypse, c’est la révélation, le dévoilement. Alors cet été serait-il celui du dévoilement ? Serait-ce enfin le moment où, collectivement, nous prenons réellement conscience du changement climatique à l'œuvre ? Serait-ce enfin la bascule, cet instant T après lequel plus rien ne sera comme avant ? 

 

Il est permis d’en douter, tant cette bascule a déjà été souvent annoncée. La dernière fois, c’était au cœur de la pandémie du Covid-19 : on nous annonçait un monde d’après radicalement différent. On disait que plus rien, jamais, ne serait comme avant. Et pourtant… Douter donc, mais tout faire pour que ce soit vrai, pour que le monde d’après prenne enfin corps : c’est le choix que nous faisons à RCF. Espérer contre toute espérance. Et incarner cette espérance : lui donner corps. Se mettre au travail pour inventer de nouvelles manières de faire de la radio pour contribuer à l’avènement d’un monde durable et fraternel. Sans illusions :  nous savons qu’il va falloir affronter le chaos climatique. Et avec humilité : tous et toutes, au sein de nos radios, nous pouvons confesser que nous sommes démunis, que nous ne savons pas trop comment nous y prendre. 

 

Mais nous pouvons nous appuyer sur ce que nous savons, sur nos savoir-faire, sur notre inébranlable conviction que la joie est plus forte que tout et qu’elle se partage, sur notre capacité à inventer. Et sur le désir de nos auditeurs et de nos auditrices de contribuer avec nous à cette réinvention du monde. Avec une triple visée : informer, contribuer au changement et aider à espérer. 

 

 

43% de la population française est climatosceptique

 

 

Informer sans édulcorer

 

Informer, c’est porter à la connaissance des auditeurs et des auditrices, de manière claire et précise, les informations sur les enjeux écologiques, sans vouloir les édulcorer. C’est rendre accessible la complexité et la transversalité des enjeux. C’est se baser sur le consensus scientifique (matérialisé notamment dans les rapports du GIEC) : c’est donc tenir pour acquis le fait que "le changement climatique se généralise, s’accélère et s’intensifie" et qu’il n’y a plus de doute sur l’origine humaine de ce réchauffement.

 

Le GIEC indique aussi qu'il est un "fait établi" que les émissions de gaz à effet de serre provoquées par l’humanité sont d'ores et déjà la cause d'une hausse de la fréquence et de l'intensité de certains évènements climatiques extrêmes. Ce travail d’information est absolument nécessaire pour lutter contre le climatoscepticisme qui pollue les débats et empêche le changement. Or la France est particulièrement touchée par ce phénomène : une étude de l’OCDE, parue en juillet 2022, indique que 43% de la population française est climatosceptique, ce qui fait de notre pays le plus climatosceptique des 38 pays membres de l’OCDE. 

 

Des faits établis par le GIEC découle l’absolue nécessité de changer de modèle de société si l’on veut avoir une chance de contenir le réchauffement climatique dans des proportions compatibles avec la survie de l’humanité.

 

"Espérer contre toute espérance"

 

En tant que média, RCF souhaite donc contribuer aux changements sociétaux nécessaires pour que la planète reste habitable pour nous, les générations futures et tout le vivant. Cela passe par la construction d’un nouvel imaginaire. Et c’est enthousiasmant. Il s’agit de faire le pari de la capacité de nos contemporains à inventer, à façonner un nouveau monde.

 

Et si l'on peut faire ce pari, c’est parce que nombreux et nombreuses sont celles et ceux qui, de manière concrète, ont commencé à inventer ce nouveau monde. Il nous faut les mettre en lumière, leur donner la parole. Leur proposer un espace de dialogue avec les acteurs politiques, économiques, sociaux pour que ces micro-nouveaux-mondes en construction un peu partout sur les territoires puissent faire système. Pour que, collectivement, nous basculions dans une société où chacun et chacune peut vivre dignement en respectant les autres humains, le vivant, la planète. (C’est ce que nous ferons dès le mardi 6 septembre, dans l’émission Je pense donc j’agis de 9h à 11h)

 


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Nous continuerons à nourrir ce travail de l’espérance chrétienne, qui peut nous permettre d’être lucides sans pour autant sombrer dans le désespoir ou l’écoanxiété totale. "Espérer contre toute espérance", selon les mots de saint Paul, c’est croire qu’au cœur du pire, des perspectives existent encore, une ouverture vers la vie reste possible. C ‘est continuer, au cœur de l’incendie et de l’incertitude, à cultiver la joie.

 

Nous pouvons toucher du doigt ce paradoxe lorsque face au spectacle de la beauté du monde nous percevons aussi la fragilité extrême de ce monde, jusqu’à en être profondément bouleversés. Nous faisons alors l’expérience de notre appartenance à ce monde qui ne nous est pas extérieur et nous pouvons alors entrer dans une nouvelle appréhension de la création qui peut nous donner l’envie et la force de lutter pour l’avenir : l’avenir de l’humanité et celui de la création toute entière. Cela passe par la réinvention de notre rapport à tout le vivant. Et c’est source de joie. Réinventer le monde n’est pas un sacrifice mais un chemin vers plus de vie et de joie. Et c’est une œuvre créatrice de liens entre les humains, parce qu’elle ne peut se mener que collectivement. 

 

Ainsi, en septembre, nous nous mettons au diapason des communautés chrétiennes du monde entier qui vivent comme chaque année un Temps pour la création, une période qui rassemble les communautés chrétiennes dans le monde entier pour prier et agir en faveur de la protection de l’environnement. Cette année, elle a pour thème "Écoutez la voix de la création". Les organisateurs expliquent : "Pendant le Temps pour la Création, notre prière et notre action communes peuvent nous aider à écouter les voix de ceux qui sont réduits au silence. Dans la prière, nous nous lamentons sur les individus, les communautés, les espèces et les écosystèmes qui ont disparu, et sur ceux dont les moyens de subsistance sont menacés par la perte d’habitat et le changement climatique. Dans la prière, nous mettons au centre le cri de la Terre et le cri des pauvres... En écoutant la voix de toute la création, les humains de toutes les cultures et de tous les secteurs de la vie peuvent se joindre à notre vocation de prendre soin de notre maison commune (oikos)".

 

Et les responsables des Églises invitent à des actions concrètes et fortes pour changer de monde. Dans son message pour le Temps pour la création, le pape exhorte, "au nom de Dieu", les grandes entreprises du secteur minier "à cesser de détruire les forêts, les marais et les montagnes, de polluer les rivières et les mers, d’empoisonner les gens et les aliments". Christina Leaño, directrice associée du Mouvement Laudato Si’ a estimé, elle, que "l’inaction n’est plus tolérable". Voilà de quoi soutenir notre détermination à contribuer, avec les auditeurs et auditrices de RCF, à la réinvention du monde. Pour qu’il reste vivable pour toute la création. 

 

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