La grande figure du droit des femmes, Simone Veil, est décédée jeudi 30 juin à son domicile à l’âge de 89 ans. Grande figure de la vie politique française, ayant survécu à la Shoah, l’ancienne ministre et ex-présidente du Parlement européen s’était notamment illustrée par son projet de loi légalisant l’IVG en France, en 1975.
Ministre de la Santé entre 1974 et 1979, elle fait en effet voter la loi sur l’IVG sous la pression de la droite, mais avec le soutien de la gauche et d’une partie de la droite, frondeuse. Le jour de la présentation du projet de loi, elle prononcera un discours devenu célèbre, dans lequel elle déclare notamment qu’"aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. C’est toujours un drame, cela restera toujours un drame". Que cet avortement "doit rester l’exception, l’ultime recours dans une situation sans issue".
Avant ce fait d’armes politique et cette révolution sociétale, Simone Veil était notamment reconnue, comme une survivante d’Auschwitz. C’est à l’âge de 16 ans qu’elle est déportée, après avoir été arrêtée dans les rues de Nice. Dans les camps de la mort, elle perdra sa mère et son père. Elle et ses deux sœurs, Madeleine et Denis, seront les seules survivantes de la famille Jacob.
Accédant à la magistrature, elle mena toute sa vie une carrière brillante de haut-fonctionnaire. Grande figure européenne, elle mettra sa popularité au service de la construction européenne, en accédant notamment à la fonction de présidente du Parlement européen, en 1979. Très attachée à sa famille, son mari Antoine Veil et ses trois fils, Jean, Nicolas, et Pierre-François, elle devient immortelle en 2010 en entrant à l’Académie française.
Figure parfois critiquée par rapport à ses positions sur l’avortement, Simone Veil sera saluée lors de son entrée à l’Académie par Jean d’Ormesson qui exprima notamment sa capacité à susciter l’adhésion des Français. "Cette adhésion ne repose pas sur je ne sais quel consensus médiocre et boiteux entre les innombrables opinions qui ne cessent de diviser notre vieux pays. […] Disons-le sans affectation : au cœur de la vie politique, vous offrez une image républicaine et morale" déclara l’écrivain à son sujet.
Le père Patrick Desbois, connu pour son travail de recherche autour de la Shoah, et du massacre des Yézidis par l'organisation Etat islamique, était un ami proche de Simone Veil. Il réagit au micro de Pauline de Torsiac :
#SimoneVeil Ns saluons sa stature de femme d'Etat, sa volonté de bâtir une Europe fraternelle, sa convict° que l'avortement ê tjrs un drame.
— Eglise Catholique (@Eglisecatho) 30 juin 2017
Simone Veil est l’auteure d’une autobiographie intitulée "Une Vie" (éd. Stock)
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